Samedi avant l’aube, quatre combattants syriens pro-iraniens ont perdu la vie dans des frappes aériennes israéliennes menées à l’est d’Alep, dans le nord de la Syrie. Selon une source militaire citée par l’agence de presse officielle syrienne SANA, plusieurs soldats ont également été blessés et des dégâts matériels ont été causés lors de cette attaque qui a visé des sites dans les régions d’Alep et d’Idleb vers 00h45 heure locale.
D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni mais disposant d’un vaste réseau de sources sur le terrain en Syrie, les quatre combattants pro-iraniens tués étaient de nationalité syrienne. Ils se trouvaient dans un centre de recherche scientifique et des entrepôts près de Safira, à l’est d’Alep, lorsque les frappes israéliennes ont eu lieu.
D’autres raids signalés dans la province d’Idleb
L’OSDH fait également état d’une personne tuée dans deux autres raids israéliens qui ont ciblé la localité de Saraqeb, dans la province d’Idleb, plus à l’ouest. Selon l’ONG, ces frappes ont visé deux quartiers généraux des forces syriennes où sont positionnés des membres du Hezbollah libanais, près de la ligne de front avec le groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS).
HTS, issu de l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, contrôle actuellement la dernière poche d’opposition armée au régime de Bachar al-Assad en Syrie. Cette zone comprend une grande partie de la province d’Idleb ainsi que des secteurs limitrophes dans les provinces d’Alep, de Hama et de Lattaquié.
Israël intensifie ses frappes en Syrie
Depuis le début du conflit syrien en 2011, Israël a mené des centaines de raids aériens chez son voisin, visant principalement l’armée syrienne mais aussi des groupes pro-iraniens comme le Hezbollah libanais qui sont déployés en Syrie pour soutenir le régime de Damas. Ces derniers mois, le rythme de ces frappes s’est accéléré, notamment depuis qu’Israël est entré en guerre ouverte contre le Hezbollah au Liban le 23 septembre dernier.
Les autorités israéliennes commentent rarement ces opérations, mais elles ont récemment accusé le Hezbollah d’utiliser les points de passage entre la Syrie et le Liban pour acheminer des armes, justifiant ainsi les frappes visant ces zones frontalières.
Un conflit par procuration entre Israël et l’Iran
Au-delà de l’enjeu sécuritaire immédiat pour Israël, la multiplication de ces raids en Syrie illustre surtout l’intensification du conflit par procuration que se livrent l’État hébreu et la République islamique d’Iran dans la région. Téhéran apporte en effet un soutien militaire, financier et politique crucial au régime syrien ainsi qu’au Hezbollah libanais, deux acteurs clés dans l’équation géostratégique du Moyen-Orient.
De son côté, Israël voit d’un très mauvais œil l’influence grandissante de l’Iran à ses frontières et cherche par tous les moyens à contrer les ambitions régionales de son ennemi juré. Dans ce contexte de tensions exacerbées, la Syrie est devenue malgré elle le théâtre d’un affrontement de plus en plus direct entre les deux puissances rivales, comme en témoignent les événements sanglants survenus ce samedi à l’aube dans la région d’Alep.
Un conflit qui s’inscrit dans la durée
Malheureusement pour les populations civiles syriennes, déjà durement éprouvées par plus d’une décennie de guerre, rien n’indique que cette dangereuse escalade militaire entre Israël et l’Iran sur leur sol soit près de s’apaiser. Au contraire, tout porte à croire que ce conflit par procuration va continuer de s’envenimer dans les mois et les années à venir, au gré des intérêts géopolitiques divergents des deux camps.
Face à cette situation explosive, la communauté internationale semble pour l’heure bien impuissante à ramener le calme dans la région. Ni les États-Unis, alliés traditionnels d’Israël, ni la Russie, soutien indéfectible du régime syrien, ne paraissent en mesure ou désireux d’imposer une désescalade durable entre les différents protagonistes.
Pendant ce temps, ce sont les Syriens qui continuent de payer le prix fort de cette guerre par procuration qui ravage leur pays depuis tant d’années, pris en étau entre les ambitions hégémoniques des uns et les impératifs sécuritaires des autres.
À défaut d’une improbable solution politique à court terme, il est malheureusement à craindre que les raids meurtriers comme ceux de ce samedi ne deviennent le triste quotidien des habitants d’Alep et des autres régions syriennes prises pour cibles. Un énième drame pour ce pays martyrisé qui peine toujours à entrevoir la lumière au bout du tunnel après onze longues années de conflit fratricide.