Alors que les esprits s’échauffent au Mozambique suite aux élections générales controversées du 9 octobre, le pays connaît l’une des pires flambées de violence post-électorale de son histoire. Selon un nouveau bilan de l’ONG Human Rights Watch (HRW), au moins 30 personnes auraient péri dans les affrontements qui secouent le pays depuis près de 3 semaines. Un décompte macabre qui ne cesse de s’alourdir et qui fait craindre une crise politique majeure.
Le Pays S’Embrase Suite aux Fraudes Dénoncées
Tout a commencé au lendemain du scrutin du 9 octobre quand le principal parti d’opposition a dénoncé des fraudes massives. Selon eux, le parti au pouvoir depuis l’indépendance, le Frelimo, aurait truqué les résultats en sa faveur. Malgré un score officiel de plus de 70%, de nombreuses irrégularités avant, pendant et après le vote ont été signalées par les observateurs.
Face au refus du pouvoir de reconnaître sa défaite, les tensions sont rapidement montées d’un cran. Des manifestations spontanées ont éclaté dans la capitale Maputo et d’autres villes du pays pour contester les résultats. Mais très vite, la répression s’est abattue sur les protestataires.
Une Répression Sanglante
D’après des témoins, les forces de l’ordre ont ouvert le feu à balles réelles sur les manifestants, faisant de nombreuses victimes. Rien que jeudi dernier, lors d’une grande marche à Maputo dispersée par la police et l’armée, au moins 5 personnes auraient été abattues selon une ONG locale.
Le seul hôpital central de la capitale a reconnu avoir reçu les corps de 3 personnes décédées en lien avec les manifestations ce jour-là. Un bilan très certainement en dessous de la réalité puisqu’il ne tient pas compte d’éventuels morts ailleurs dans la ville. Au total, HRW recense au moins 30 morts dans tout le pays entre le 19 octobre et le 6 novembre.
Un Climat de Terreur
Au-delà des morts, c’est un climat de terreur qui s’est installé. Après l’assassinat de deux figures de l’opposition en pleine rue le 19 octobre, Venancio Mondlane, le principal opposant qui revendique la victoire, a dû fuir le pays. Craignant pour sa sécurité, il se trouverait actuellement à l’étranger. Et il n’est pas le seul. Trois membres de son parti sont portés disparus depuis qu’ils ont tenté de se rendre à la marche de Maputo jeudi dernier.
Le Mozambique traverse l’une des pires crises postélectorales de son histoire.
Zenaida Machado, Chercheuse HRW
La Communauté Internationale Préoccupée
Face à cette situation explosive, la communauté internationale s’inquiète. L’Union Européenne, qui avait dépêché des observateurs, a d’ores et déjà fait part de ses vives préoccupations quant à la régularité du scrutin. Elle a appelé toutes les parties à la retenue et au dialogue pour sortir de l’impasse.
Mais pour l’heure, le pouvoir ne semble pas décidé à lâcher du lest. Dans un discours musclé, le président Filipe Nyusi a dénoncé des “actes terroristes” fomentés par l’opposition pour “déstabiliser le pays”. Tout en promettant de maintenir l’ordre “par tous les moyens”. De quoi faire redouter une nouvelle escalade de violences dans les jours à venir.
Vers un Embrasement Généralisé ?
Beaucoup craignent désormais que le Mozambique ne sombre dans une crise politique majeure aux conséquences imprévisibles. Avec ces élections entachées de fraudes, le spectre d’une nouvelle guerre civile plane à nouveau sur le pays.
Car si le Mozambique a connu la paix depuis 1992 après 15 ans de guerre fratricide, les plaies ne sont jamais vraiment refermées. Les tensions entre le parti au pouvoir et l’ex-rébellion de la Renamo, devenue le principal parti d’opposition, n’ont jamais vraiment disparu. Et ce scrutin contesté ravive les vieux démons.
Ces élections étaient un test crucial pour la démocratie mozambicaine. Le pouvoir l’a lamentablement échoué en refusant d’entendre la voix des urnes.
Fernando Lima, Analyste Politique
Reste à savoir jusqu’où ira le bras de fer engagé entre le pouvoir et l’opposition. Dans ce pays miné par la pauvreté, le chômage de masse et les inégalités criantes, le terreau du mécontentement est profond. Si le pouvoir s’entête à nier la réalité et à réprimer toute contestation, le Mozambique pourrait rapidement devenir ingouvernable.
Le président Filipe Nyusi joue son va-tout. Lui qui rêvait d’un second mandat sans encombre pour asseoir son autorité et achever la transformation du pays, le voilà pris dans une spirale de violence sans fin. Sa légitimité est plus que jamais remise en cause. Et son avenir à la tête du pays, de plus en plus incertain.
Dans ce contexte, tous les regards sont désormais braqués vers la communauté internationale. Seule une forte pression de l’étranger semble en mesure de faire bouger les lignes et d’éviter au Mozambique de sombrer dans le chaos. Mais le temps presse. A chaque nouveau mort, le pays s’enfonce un peu plus dans la crise. Une crise aux accents de déjà-vu, qui risque de faire voler en éclats 30 ans de paix précaire durement acquise.
Au-delà des morts, c’est un climat de terreur qui s’est installé. Après l’assassinat de deux figures de l’opposition en pleine rue le 19 octobre, Venancio Mondlane, le principal opposant qui revendique la victoire, a dû fuir le pays. Craignant pour sa sécurité, il se trouverait actuellement à l’étranger. Et il n’est pas le seul. Trois membres de son parti sont portés disparus depuis qu’ils ont tenté de se rendre à la marche de Maputo jeudi dernier.
Le Mozambique traverse l’une des pires crises postélectorales de son histoire.
Zenaida Machado, Chercheuse HRW
La Communauté Internationale Préoccupée
Face à cette situation explosive, la communauté internationale s’inquiète. L’Union Européenne, qui avait dépêché des observateurs, a d’ores et déjà fait part de ses vives préoccupations quant à la régularité du scrutin. Elle a appelé toutes les parties à la retenue et au dialogue pour sortir de l’impasse.
Mais pour l’heure, le pouvoir ne semble pas décidé à lâcher du lest. Dans un discours musclé, le président Filipe Nyusi a dénoncé des “actes terroristes” fomentés par l’opposition pour “déstabiliser le pays”. Tout en promettant de maintenir l’ordre “par tous les moyens”. De quoi faire redouter une nouvelle escalade de violences dans les jours à venir.
Vers un Embrasement Généralisé ?
Beaucoup craignent désormais que le Mozambique ne sombre dans une crise politique majeure aux conséquences imprévisibles. Avec ces élections entachées de fraudes, le spectre d’une nouvelle guerre civile plane à nouveau sur le pays.
Car si le Mozambique a connu la paix depuis 1992 après 15 ans de guerre fratricide, les plaies ne sont jamais vraiment refermées. Les tensions entre le parti au pouvoir et l’ex-rébellion de la Renamo, devenue le principal parti d’opposition, n’ont jamais vraiment disparu. Et ce scrutin contesté ravive les vieux démons.
Ces élections étaient un test crucial pour la démocratie mozambicaine. Le pouvoir l’a lamentablement échoué en refusant d’entendre la voix des urnes.
Fernando Lima, Analyste Politique
Reste à savoir jusqu’où ira le bras de fer engagé entre le pouvoir et l’opposition. Dans ce pays miné par la pauvreté, le chômage de masse et les inégalités criantes, le terreau du mécontentement est profond. Si le pouvoir s’entête à nier la réalité et à réprimer toute contestation, le Mozambique pourrait rapidement devenir ingouvernable.
Le président Filipe Nyusi joue son va-tout. Lui qui rêvait d’un second mandat sans encombre pour asseoir son autorité et achever la transformation du pays, le voilà pris dans une spirale de violence sans fin. Sa légitimité est plus que jamais remise en cause. Et son avenir à la tête du pays, de plus en plus incertain.
Dans ce contexte, tous les regards sont désormais braqués vers la communauté internationale. Seule une forte pression de l’étranger semble en mesure de faire bouger les lignes et d’éviter au Mozambique de sombrer dans le chaos. Mais le temps presse. A chaque nouveau mort, le pays s’enfonce un peu plus dans la crise. Une crise aux accents de déjà-vu, qui risque de faire voler en éclats 30 ans de paix précaire durement acquise.