En dépit du soutien réaffirmé des Européens à l’Ukraine, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a appelé vendredi ses homologues à reconnaître la nouvelle donne créée par l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Selon lui, il est temps pour l’Europe de “passer de la guerre à la paix” dans le conflit ukrainien.
M. Orban, qui accueillait les dirigeants des Vingt-Sept à Budapest pour un sommet informel, a déclaré sur une radio hongroise que “la situation sur le champ de bataille est évidente, c’est une défaite militaire” pour l’Ukraine. Et avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui “déteste la guerre”, la donne change pour les Européens, a-t-il estimé.
Un plaidoyer pour un cessez-le-feu
En tant que fervent partisan d’un cessez-le-feu dans le conflit, Viktor Orban juge qu’il n’y a qu’une seule manière pour l’Europe de s’adapter à ce nouveau contexte : “passons rapidement de la guerre à la paix”. Une position en contraste avec celle de nombreux dirigeants européens, qui ne sont pas prêts à renoncer à leur soutien à Kiev.
Pendant sa campagne, le milliardaire américain avait promis de mettre un terme à la guerre en Ukraine en “24 heures” s’il était élu, sans toutefois préciser comment il comptait s’y prendre. Une perspective que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié de “suicidaire”, mettant en garde contre toute concession faite à la Russie.
Un front européen divisé ?
Face à cette situation, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk ont tenu à réaffirmer vendredi, dans une déclaration commune, leur “détermination à apporter un soutien indéfectible à l’Ukraine et au peuple ukrainien”. Les deux dirigeants se sont également engagés à “maintenir et renforcer leur aide dans le but de faire échec à la guerre d’agression russe”.
Mais selon Viktor Orban, le front européen se fissure. Il affirme que “le nombre de ceux qui ne disent mot augmente, tout comme le nombre de ceux qui sont prudents ou qui se demandent s’il ne faudrait pas s’adapter à la nouvelle situation”. Une analyse contestée par le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, pour qui “le soutien manifeste à l’Ukraine est le même qu’auparavant” au sein des Vingt-Sept.
L’avenir du soutien européen en question
L’élection de Donald Trump et les propos de Viktor Orban viennent semer le doute sur l’avenir du soutien européen à l’Ukraine. Si la plupart des dirigeants de l’UE réaffirment pour l’heure leur engagement aux côtés de Kiev, l’appel du Premier ministre hongrois à un changement de cap illustre les divergences qui existent au sein des Vingt-Sept sur ce dossier sensible.
Dans les prochaines semaines, il faudra suivre de près l’évolution du positionnement des différents pays européens, ainsi que l’impact concret de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump sur la politique américaine vis-à-vis de l’Ukraine. L’unité affichée par les Occidentaux dans ce conflit sera mise à l’épreuve, avec en toile de fond la question cruciale des conditions d’une éventuelle négociation de paix avec Moscou.