Alors que l’Asie est le véritable moteur de la croissance mondiale, contribuant à hauteur de 60% selon les estimations du Fonds Monétaire International, le continent se prépare à affronter ce que certains nomment déjà le “choc Trump”. En effet, la guerre commerciale qui se profile entre les États-Unis et la Chine pourrait avoir des répercussions majeures sur les économies asiatiques, étroitement interconnectées.
Un impact majeur sur les chaînes de production régionales
Selon des sources proches du dossier, le président élu américain Donald Trump envisagerait de taxer jusqu’à 45% les importations en provenance de Chine. Une telle mesure serait de nature à affaiblir significativement la deuxième économie mondiale, déjà en perte de vitesse. D’après les analyses d’Oxford Economics, cela pourrait amputer jusqu’à 1,6% du PIB chinois.
Or, un ralentissement de l’activité en Chine aurait inévitablement des répercussions sur ses principaux partenaires commerciaux au sein de la région. Les pays d’Asie du Sud-Est, dont les chaînes de production sont étroitement liées à la Chine et qui bénéficient d’importants investissements chinois, seraient particulièrement exposés. L’Indonésie, par exemple, pourrait pâtir de la baisse de ses exportations de nickel et de minerais vers l’empire du Milieu.
Des taxes douanières généralisées ?
Mais les ambitions protectionnistes de Donald Trump ne se limitent pas à la Chine. Le futur locataire de la Maison Blanche a également évoqué une hausse généralisée de 10 à 20% des droits de douane sur l’ensemble des produits importés aux États-Unis. Une perspective alarmante pour de nombreux pays asiatiques :
- Les exportations américaines représentent 40% du commerce extérieur du Cambodge
- Elles pèsent pour 27% au Vietnam
- Et 17% en Thaïlande
Washington pourrait notamment cibler les pays “connecteurs”, par lesquels transitent les produits chinois pour échapper aux taxes. Le Vietnam, grand exportateur de produits électroniques vers les États-Unis, pourrait ainsi se retrouver dans le viseur de l’administration Trump.
Une guerre douanière sera dangereuse pour l’Inde
Ajay Sahai, Directeur de la Federation of Indian Export Organisations
Relocalisations : une opportunité pour certains pays
Paradoxalement, ces tensions commerciales pourraient aussi offrir certaines opportunités aux économies asiatiques. Face à la menace de droits de douane prohibitifs, de plus en plus d’entreprises pourraient en effet être tentées de délocaliser leur production hors de Chine, pour la réimplanter dans d’autres pays de la région. On parle de stratégie “Chine+1”.
Le Vietnam, fort de sa situation géographique et d’une main d’œuvre bon marché et qualifiée, apparaît comme le principal bénéficiaire potentiel de ce mouvement. De grands noms de l’électronique comme Samsung, Foxconn ou Pegatron y ont déjà transféré une partie de leurs usines, propulsant le pays au rang de 2ème exportateur mondial de smartphones derrière la Chine. L’Inde, la Malaisie ou encore l’Indonésie pourraient également tirer leur épingle du jeu dans des secteurs comme les semi-conducteurs, l’automobile ou les batteries.
Le spectre d’un ralentissement de la demande mondiale
Toutefois, ces relocalisations ne compenseraient que partiellement une chute de la demande mondiale, grande crainte des pays asiatiques. Car en dépit des gains de parts de marché à l’export, l’affaiblissement généralisé des échanges internationaux risque in fine de dégrader leur situation économique. Comme le souligne Thomas Helbling, directeur adjoint du FMI pour l’Asie :
La réorganisation des chaînes de production pourrait entraîner des pertes d’efficacité et renchérir les prix, avec un impact négatif pour la croissance mondiale
L’Asie est donc suspendue aux décisions de Donald Trump et à l’évolution des relations sino-américaines. Entre opportunités de court terme et risques systémiques, le continent s’apprête à vivre des mois décisifs pour son avenir économique. Une seule certitude : dans un monde globalisé, les turbulences initiées par Washington ne manqueront pas de faire des vagues jusqu’aux rives asiatiques.
Le Vietnam, fort de sa situation géographique et d’une main d’œuvre bon marché et qualifiée, apparaît comme le principal bénéficiaire potentiel de ce mouvement. De grands noms de l’électronique comme Samsung, Foxconn ou Pegatron y ont déjà transféré une partie de leurs usines, propulsant le pays au rang de 2ème exportateur mondial de smartphones derrière la Chine. L’Inde, la Malaisie ou encore l’Indonésie pourraient également tirer leur épingle du jeu dans des secteurs comme les semi-conducteurs, l’automobile ou les batteries.
Le spectre d’un ralentissement de la demande mondiale
Toutefois, ces relocalisations ne compenseraient que partiellement une chute de la demande mondiale, grande crainte des pays asiatiques. Car en dépit des gains de parts de marché à l’export, l’affaiblissement généralisé des échanges internationaux risque in fine de dégrader leur situation économique. Comme le souligne Thomas Helbling, directeur adjoint du FMI pour l’Asie :
La réorganisation des chaînes de production pourrait entraîner des pertes d’efficacité et renchérir les prix, avec un impact négatif pour la croissance mondiale
L’Asie est donc suspendue aux décisions de Donald Trump et à l’évolution des relations sino-américaines. Entre opportunités de court terme et risques systémiques, le continent s’apprête à vivre des mois décisifs pour son avenir économique. Une seule certitude : dans un monde globalisé, les turbulences initiées par Washington ne manqueront pas de faire des vagues jusqu’aux rives asiatiques.