Saviez-vous que nos mauvaises habitudes alimentaires ont un coût sanitaire caché faramineux, dépassant les 8.000 milliards de dollars par an au niveau mondial ? C’est la révélation choc du dernier rapport annuel de la FAO, l’agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture. Face à ce constat alarmant, les experts appellent à une action urgente et systémique pour transformer en profondeur nos systèmes agroalimentaires.
8.100 milliards $ : la facture sanitaire cachée de notre alimentation
D’après la FAO, les coûts sanitaires invisibles de notre alimentation, liés aux pertes de productivité dues aux maladies qu’elle provoque (diabète, cancers, maladies cardiovasculaires…), s’élèveraient à plus de 8.100 milliards de dollars chaque année. Un chiffre vertigineux qui vient s’ajouter aux dépenses médicales déjà connues, doublant ainsi la facture sanitaire réelle de ce que nous mangeons.
Ces coûts cachés sont principalement dus à une alimentation trop transformée, trop pauvre en céréales complètes et en fruits, mais aussi trop riche en sel, en viandes transformées et rouges. Des déséquilibres nutritionnels qui concernent aujourd’hui la quasi-totalité de la planète, à l’exception de certains pays africains et asiatiques ayant conservé des régimes plus traditionnels.
Un impact sanitaire et économique massif
Selon les pays, le poids de cette « charge cachée » peut représenter jusqu’à 10% du PIB, en particulier pour certains États émergents. Un constat qui met en lumière l’urgence d’agir, alors même que le calcul n’inclut pas encore les coûts liés aux phénomènes de sous-nutrition, eux aussi très élevés.
Ce coût sanitaire supporté par la collectivité est invisible et donc personne n’y fait attention. Personne ne veut vraiment régler ce problème.
David Laborde, directeur à la FAO
Sortir du « piège » actuel et responsabiliser tous les acteurs
Pour sortir de cette situation critique, la FAO pointe la « nécessité d’engagements nationaux plus ambitieux » et appelle chaque maillon de la chaîne à se responsabiliser, du producteur au consommateur. Elle met cependant en garde contre le risque de faire peser ces changements essentiellement sur les agriculteurs, souvent les plus vulnérables face aux pressions de prix et de réglementation.
Selon les experts, il faut absolument « sortir du piège » dans lequel aucun acteur ne veut assumer le surcoût de la transition, qui finit par être transféré aux producteurs agricoles. Pour cela, ils préconisent de :
- Faciliter l’accès des agriculteurs aux technologies et les rémunérer pour leurs services écosystémiques
- Encourager les certifications (bio, équitable…) permettant une meilleure valorisation
- Mobiliser les agro-industriels et les investisseurs pour financer le changement
- Sensibiliser et accompagner les consommateurs vers des choix plus sains et durables
Des pistes de solutions concrètes
Pour encourager une alimentation plus saine, surtout chez les plus fragiles portant souvent le « double fardeau » malnutrition-surpoids, la FAO cite quelques pistes efficaces à généraliser :
- Taxer les boissons sucrées et produits ultra-transformés
- Subventionner les fruits et légumes, produits locaux et bio
- Mener des campagnes de prévention et d’éducation nutritionnelle
- Mettre en place des incitations et une réglementation favorisant les produits sains
Mais au-delà de l’innovation, c’est bien un changement systémique de gouvernance des chaînes alimentaires, via une volonté politique forte, qui s’impose aujourd’hui comme une priorité mondiale de santé publique et de développement durable. La FAO se veut claire : il est plus que temps « d’agir urgemment » !