C’est une histoire digne d’un thriller politique qui secoue actuellement les États-Unis. Deux anciens agents du FBI, autrefois en couple, sont sur le point de parvenir à un accord avec le Département de la Justice. En cause ? La fuite de milliers de leurs SMS privés dans lesquels ils critiquaient ouvertement l’ex-président Donald Trump.
Des échanges privés explosifs
Peter Strzok, un haut responsable du contre-espionnage du FBI, et Lisa Page, avocate pour le Bureau, entretenaient une liaison à l’époque des faits. Dans leurs échanges, divulgués fin 2017 par le ministère de la Justice, ils n’hésitaient pas à qualifier Trump d’« idiot » et d’« être humain répugnant ». L’idée même d’une victoire du milliardaire leur semblait « terrifiante ».
La perspective d’une présidence Trump est tout simplement terrifiante
– Lisa Page dans un SMS à Peter Strzok
Ces messages, au nombre de plusieurs milliers, ont été découverts lors d’une enquête de l’inspecteur général du ministère de la Justice. Celle-ci était chargée d’examiner l’enquête du FBI sur l’utilisation d’un serveur de messagerie privé par Hillary Clinton lorsqu’elle était secrétaire d’État.
Une partialité remise en cause
Si l’inspecteur général n’a relevé aucune preuve de parti pris politique dans l’enquête sur les emails de Clinton, menée par Strzok, les SMS divulgués ont nourri les critiques de Trump. Ce dernier a accusé Strzok de « trahison » et qualifié l’enquête du procureur spécial sur les ingérences russes dans la présidentielle de 2016 de « chasse aux sorcières » motivée politiquement.
Suite à ces révélations, Strzok a été écarté de l’équipe du procureur spécial Robert Mueller et finalement licencié du FBI en août 2018. Page a quant à elle démissionné volontairement la même année.
Atteinte à la vie privée et licenciement abusif ?
Les deux anciens agents ont chacun porté plainte contre le ministère de la Justice. Ils l’accusent d’avoir violé leur droit à la vie privée en divulguant leurs échanges aux médias. Strzok affirme aussi que le FBI a cédé à une « pression incessante » de Trump pour le licencier, en violation de son droit à la liberté d’expression garanti par le Premier amendement.
- Strzok et Page attaquent le ministère de la Justice pour atteinte à leur vie privée
- Strzok conteste aussi les motifs de son licenciement par le FBI
Vers un accord à l’amiable
Après des années de procédure, les deux parties seraient sur le point de parvenir à un accord à l’amiable concernant l’atteinte à la vie privée. Les termes de cet accord n’ont pas été divulgués à ce stade. En revanche, la plainte de Strzok concernant son licenciement ne serait pas résolue par cet accord.
Ironie de l’histoire, Donald Trump a lui-même été interrogé sous serment l’an dernier dans le cadre de cette affaire, lui qui avait publiquement réclamé le licenciement de Strzok. Reste à savoir si ce feuilleton judiciaire et politique connaîtra bientôt son épilogue avec cet accord. Une chose est sûre, il illustre la profonde politisation du FBI sous l’ère Trump et les tensions qui l’ont traversé.