La victoire sans appel de Donald Trump sur Kamala Harris lors de l’élection présidentielle américaine a plongé le parti démocrate dans une profonde crise existentielle. Au lendemain de ce revers cuisant, les langues se délient pour pointer du doigt les erreurs stratégiques et soulever les questionnements de fond sur le positionnement du parti.
Non seulement la candidate démocrate n’a pas réussi son pari de devenir la première femme présidente des États-Unis, mais elle a subi une défaite nette et sans discussion face à son rival républicain. Un séisme politique qui ébranle les certitudes démocrates jusque dans leurs bastions.
Un échec retentissant qui sème le doute
Au-delà de l’amer constat, l’heure est à l’introspection pour les démocrates. Comment expliquer ce revers cinglant ? Quelles leçons en tirer pour l’avenir ?
Première cible des critiques : le choix même de porter Kamala Harris en tête de l’affiche présidentielle. Beaucoup reprochent à Joe Biden, dont l’état de santé suscitait des interrogations, d’avoir pris un risque inconsidéré en s’accrochant à sa candidature.
Biden sur la sellette
Malgré les appels à passer la main, le président octogénaire s’est entêté, obligeant sa vice-présidente à mener une campagne éclair délicate. Des proches de Kamala Harris dénoncent le « trou profond » dans lequel cette décision a plongé les démocrates.
Certains ont dissimulé les infirmités du président Biden jusqu’à ce qu’elles deviennent indéniables.
Mike Bloomberg, ancien maire de New York
Déconnexion avec les classes populaires
Au-delà de ces considérations, c’est un mal plus profond qui ronge la formation politique selon certains. En cause : un parti démocrate qui aurait perdu le contact avec les classes ouvrière et moyenne, ne tirant pas les enseignements de sa défaite de 2016 face à Trump.
Le sénateur Bernie Sanders fustige un abandon des travailleurs :
Un parti démocrate qui a abandonné la classe ouvrière ne peut que se retrouver lui-même abandonné par cette dernière.
Bernie Sanders, sénateur
Un diagnostic partagé par plusieurs élus qui pointent du doigt des priorités éloignées des préoccupations concrètes des Américains :
- Accent mis sur des sujets clivants plutôt que fédérateurs
- Réponses jugées insuffisantes face aux difficultés économiques
- Sentiment d’une gauche déconnectée, suscitant la peur chez une partie de la population
Après la défaite, les divisions
Alors que les républicains savourent leur victoire, consolidée par leur mainmise retrouvée sur le Congrès, le camp démocrate se déchire.
Pour Jaime Harrison, chef du parti, pas question cependant de céder à la panique et aux règlements de compte. Il balaie les reproches d’un revers de main :
Dire que nous avons tourné le dos aux travailleurs, c’est raconter des conneries.
Jaime Harrison, chef du parti démocrate
Mais en annonçant qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête du parti, il ouvre la voie à une refondation. Un changement de leadership et potentiellement de cap qui s’annonce agité, entre l’aile gauche et l’aile centriste du parti.
Seule certitude : les démocrates doivent trouver les clés d’un sursaut s’ils espèrent empêcher Donald Trump de rempiler pour un second mandat.