Dans les 48 heures suivant l’élection présidentielle américaine qui s’est déroulée dans un climat de vives tensions, une vague troublante de SMS à caractère raciste a déferlé sur des citoyens afro-américains à travers le pays. Ces messages anonymes, faisant référence au passé esclavagiste des États-Unis, ont semé l’indignation et l’inquiétude.
Des Afro-Américains ciblés par des SMS racistes dans plusieurs États
D’après la NAACP, une des principales organisations de défense des droits des Afro-Américains, des habitants noirs de Caroline du Nord, Virginie, Alabama et Pennsylvanie ont reçu des SMS leur ordonnant de “se présenter à une plantation pour ramasser du coton”. Une allusion écoeurante à l’esclavage que l’association a fermement condamnée.
La triste réalité d’avoir élu un président qui a historiquement adopté, et parfois encouragé, (les discours de) haine se matérialise devant nos yeux.
Derrick Johnson, président de la NAACP
Si l’expéditeur de ces messages haineux n’a pas été identifié, le FBI a indiqué avoir connaissance de cette campagne de “SMS racistes”, sans préciser toutefois si une enquête avait été ouverte.
Des étudiants afro-américains aussi pris pour cible
Selon des sources médiatiques, des étudiants afro-américains de plusieurs États auraient également été la cible de SMS racistes, dont certains signés par un “supporter de Trump”. Sur une capture d’écran relayée sur les réseaux sociaux, on peut lire : “Vous avez été sélectionné pour être un esclave de maison à la plantation d’Abingdon”.
Ces gens se sentent pousser des ailes pour dire tout haut ce qu’ils ont toujours pensé tout bas.
Joshua Martin, internaute ayant posté la capture d’écran
Margaret Huang, du Southern Poverty Law Center, a vivement dénoncé “une démonstration publique de la haine et du racisme qui se moque de notre passé sur les droits civiques”. Une référence au lourd héritage de l’esclavage, qui a vu plus de 12,5 millions d’Africains forcés de traverser l’Atlantique entre 1525 et 1866 pour travailler notamment dans les plantations de coton américaines.
Une recrudescence inquiétante des crimes haineux
Si Donald Trump a fait campagne sur une rhétorique de plus en plus autoritaire et raciste, en particulier envers les migrants, cela ne l’a pas empêché de grappiller quelques points auprès de l’électorat afro-américain. Mais ses détracteurs s’alarment de voir certains de ses partisans se sentir légitimés dans l’expression décomplexée de leur racisme.
En 2023, le FBI a recensé 11.447 crimes motivés par la haine aux États-Unis, dont plus de la moitié sur des critères ethniques. Depuis 2020, au moins 30% de ces crimes ont visé spécifiquement des Afro-Américains. Un bilan préoccupant qui soulève des questions sur le climat social délétère post-électoral.
Face à ce déferlement de haine, les autorités se disent vigilantes. Mais au-delà de la traque aux expéditeurs de ces messages racistes, c’est tout un pays qui va devoir panser les plaies d’une campagne présidentielle particulièrement clivante et aborder de front son passé esclavagiste qui continue de peser lourdement sur le présent. La route vers la réconciliation s’annonce longue et semée d’embûches.