C’est un cri du cœur que les familles des Français disparus sous la dictature argentine ont lancé au président Emmanuel Macron. Lors d’une rencontre poignante avec des conseillers de l’Élysée, elles ont demandé au chef de l’État de ne pas les oublier et de transmettre leurs inquiétudes à son homologue argentin, Javier Milei. Au cœur de leurs craintes : la potentielle libération d’Alfredo Astiz, un ancien militaire condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité.
Une Justice Menacée ?
Ce qui effraie ces familles, c’est la perspective que la justice rendue puisse être remise en question. En juillet dernier, six députés du parti au pouvoir en Argentine ont en effet rendu visite à Astiz et d’autres anciens militaires condamnés, dans leur prison. Un geste qualifié de « visite humanitaire » par un des élus, mais qui a profondément choqué les proches des victimes.
Alfredo Astiz, le « Loup Blanc » de la Dictature
Ancien capitaine de marine aujourd’hui âgé de 72 ans, Alfredo Astiz a été condamné à deux reprises à la perpétuité en Argentine pour les crimes commis pendant la dictature militaire qui a sévi de 1976 à 1983. Il est notamment reconnu coupable de l’enlèvement et de la disparition de deux religieuses françaises, Léonie Duquet et Alice Domon. La France l’a d’ailleurs également condamné par contumace à la prison à vie en 1990 pour ces faits.
“La France N’oublie Pas”
Face aux inquiétudes grandissantes, les familles en appellent donc à Emmanuel Macron. Elles souhaitent que le président français maintienne la tradition de vigilance incarnée par une phrase prononcée en 1994 à Buenos Aires par Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères : “La France n’oublie pas“. L’Élysée a d’ores et déjà assuré que les proches des disparus peuvent compter sur le “plein soutien des autorités françaises”.
Macron Bientôt en Argentine ?
Selon certaines sources, Emmanuel Macron pourrait se rendre en Argentine à la fin de la semaine prochaine. Une visite très attendue par les familles qui espèrent que le président français saura porter leur message auprès de Javier Milei. Car si ce dernier a déclaré en juillet qu’il n’aurait pas lui-même rendu visite à Astiz, beaucoup craignent que son gouvernement ne remette en cause les condamnations des anciens militaires.
Un Combat Contre L’oubli
Au-delà du cas spécifique d’Alfredo Astiz, c’est tout un pan de l’histoire argentine que les familles des disparus veulent voir reconnu et sanctionné. Leur combat est celui de la mémoire face à l’oubli, de la justice face à l’impunité. Et elles sont déterminées à le mener sans relâche, tant que toute la lumière n’aura pas été faite sur le sort de leurs proches.
Nous avons bon espoir que l’inquiétude des familles sera entendue par le président Macron et qu’il la portera devant Javier Milei.
Sophie Thonon, avocate des familles
En ces temps troublés où certains remettent en question les crimes de la dictature, la mobilisation des familles est plus que jamais nécessaire. Car comme le souligne leur avocate, Sophie Thonon, c’est bien d’un devoir de mémoire qu’il s’agit. Un devoir qui incombe non seulement à l’Argentine, mais aussi à la France et à la communauté internationale dans son ensemble.
La balle est désormais dans le camp d’Emmanuel Macron. Saura-t-il se faire le porte-voix de ces familles en souffrance, au-delà d’une simple tradition diplomatique ? C’est tout l’enjeu de ce qui s’annonce comme une visite cruciale pour la mémoire des disparus et la lutte contre l’impunité.