Le Parlement du Ghana fait face à une crise sans précédent alors que ses travaux ont été suspendus pour une durée indéterminée ce jeudi. Cette paralysie législative intervient dans un contexte de vives tensions entre la majorité et l’opposition à quelques semaines d’élections générales cruciales pour le pays.
C’est un coup dur pour la démocratie ghanéenne. Jeudi, le président de l’Assemblée nationale, Alban Bagbin, a été contraint une nouvelle fois d’ajourner les travaux parlementaires sine die en raison de l’absence des députés du parti au pouvoir, le New Patriotic Party (NPP). “Un côté de la Chambre est totalement vide. Nous avons le quorum pour siéger mais aucune affaire à traiter”, a-t-il déclaré avec dépit devant un hémicycle clairsemé.
Des textes clés et le budget 2024 menacés
Cette suspension prolongée du Parlement à moins de deux mois des élections générales du 7 décembre fait craindre que des projets de loi importants et surtout le budget 2024 ne puissent être adoptés à temps. Un blocage institutionnel lourd de conséquences pour le pays.
Le leader du NPP au Parlement, Alexander Afenyo-Markin, a appelé le président de l’Assemblée à respecter une décision récente de la Cour suprême sur des sièges de députés contestés. “Le président met le feu au pays. C’est triste”, a-t-il déploré.
Tensions autour de sièges parlementaires
À l’origine de cette crise, une première suspension du Parlement prononcée fin octobre par Alban Bagbin. Il avait invalidé les mandats de 4 députés – 2 NPP, 1 NDC et 1 indépendant – qui souhaitaient se représenter sous des étiquettes différentes aux législatives, ce que la Constitution interdit.
Ce qui avait permis à l’opposition d’avoir une légère majorité. Mais le 30 octobre, la Cour suprême avait ordonné au président du Parlement de revenir sur sa décision pour éviter que des circonscriptions ne se retrouvent sans représentants.
Le président nuit à la démocratie. Nous ne participerons pas au chaos qu’ils attendent dans l’hémicycle.
Alexander Afenyo-Markin, chef du groupe parlementaire NPP
L’opposition appelle à la retenue
De son côté, le National Democratic Congress (NDC), principal parti d’opposition, affirme être venu en nombre à l’Assemblée et nie vouloir “perturber les affaires du gouvernement”. Son leader au Parlement, Cassiel Ato Forson, estime que la majorité “a abandonné et veut passer la main” via ces élections.
Les observateurs s’inquiètent de l’impact de cette crise parlementaire sur la stabilité du Ghana, considéré jusque-là comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest. Reste à voir si les différents acteurs politiques sauront faire preuve de responsabilité pour sortir de l’impasse avant ce scrutin décisif.