Alors que le Liban est secoué par une campagne de frappes israéliennes contre le Hezbollah, qui n’épargne pas les joyaux historiques du pays, la classe politique s’alarme. Plus d’une centaine de députés libanais viennent en effet d’interpeller l’Unesco, exhortant l’organisation onusienne à agir de toute urgence pour protéger les sites antiques menacés.
Un appel solennel de la représentation nationale
Dans une lettre adressée à la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, les élus dénoncent avec force les “graves violations des droits humains” et les “atrocités” commises par Israël depuis le début de cette “guerre dévastatrice contre le Liban”. Mais c’est surtout pour le patrimoine historique qu’ils tirent la sonnette d’alarme.
“Nous attirons votre attention sur un besoin urgent : la protection de l’histoire du Liban, à Baalbeck, Tyr, Saïda et d’autres sites inestimables actuellement menacés”
Extrait de la lettre des députés libanais à l’Unesco
Venus de tous les horizons politiques, les 128 signataires, soit la quasi-totalité du Parlement libanais, supplient l’Unesco de “prendre toutes les mesures nécessaires” pour préserver ces “icônes culturelles” des bombes israéliennes. Une mobilisation transpartisane rare, révélatrice de l’ampleur des craintes et de l’urgence de la situation.
Baalbeck et Tyr, joyaux en sursis
Au cœur des inquiétudes : Baalbeck et Tyr, deux cités millénaires abritant de splendides vestiges archéologiques, classés au patrimoine mondial de l’humanité. Ces derniers jours, elles ont été la cible de violents raids israéliens, faisant trembler pour leurs trésors antiques.
Mercredi, Baalbeck et sa région ont essuyé de lourdes frappes, faisant 40 victimes selon le ministère libanais de la Santé. Plusieurs bâtiments historiques auraient été touchés. Le maire de la ville, Moustafa al-Chall, a déploré “un jour triste pour Baalbeck” tandis que le gouverneur Bachir Khodr a rapporté qu’une frappe avait visé le parking attenant aux célèbres temples romains, joyaux de la cité.
Plus au sud, Tyr et ses sites antiques, eux aussi inscrits à l’Unesco, subissent également l’assaut des bombes depuis fin octobre. Bombardements d’une rare violence qui font de ces merveilles archéologiques les victimes collatérales d’une guerre sans merci.
Le Liban meurtri, son héritage en péril
Depuis le 23 septembre, Israël mène une vaste campagne de bombardements au Liban, visant le Hezbollah pro-iranien. Un déluge de feu qui a fait plus de 2600 morts selon les autorités libanaises, et qui n’épargne pas les sites patrimoniaux du pays des Cèdres. Un drame humanitaire et culturel.
Face à cette situation alarmante, les députés libanais ont décidé d’unir leurs voix pour lancer un SOS à l’Unesco. L’espoir que la communauté internationale se mobilise pour sauver ce qui peut encore l’être, et préserver ces lieux uniques, témoins inestimables de l’histoire de l’humanité. Mais alors que la guerre fait rage, le défi s’annonce immense.
Dans ce Liban meurtri, où le présent est un champ de ruines, c’est aussi l’héritage millénaire d’une nation qui est aujourd’hui menacé. Une perte incommensurable pour le pays, mais aussi pour le patrimoine mondial, si l’appel des députés n’est pas entendu. L’Unesco saura-t-elle être à la hauteur de l’enjeu ?