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Le Palais de Justice de Bruxelles Enfin Débarrassé de Ses Échafaudages

Le plus grand palais de justice du monde se dévoile peu à peu, après 4 décennies passées sous une cage métallique. Les secrets d'un chantier pas comme les autres, symbole des lenteurs administratives belges...

Imaginez un instant le plus grand palais de justice au monde, emblème de la prospérité belge, dissimulé derrière une forêt d’échafaudages pendant plus de 40 ans. C’est le triste record que s’apprête à effacer la Belgique avec l’achèvement prochain de l’interminable chantier de rénovation du palais de justice de Bruxelles. Une page peu glorieuse de l’histoire du pays qui devrait bientôt se tourner.

Un chantier pharaonique qui s’éternise

Édifié dans les années 1860 sous l’impulsion du roi Léopold II, à l’apogée de la puissance belge, le palais de justice de Bruxelles est un imposant bâtiment de style néo-classique qui surplombe la capitale depuis la colline de Poelaert. Avec ses 26 000 m² d’emprise au sol, il dépasse en superficie la basilique Saint-Pierre de Rome.

Mais depuis 1984, l’édifice est recouvert d’une immense cage métallique, installée pour permettre sa rénovation. Un chantier pharaonique qui n’en finit pas de s’éterniser, au point d’être devenu le symbole des lenteurs administratives belges. Les raisons de cet enlisement sont multiples : faillite de l’entreprise initiale, ping-pong incessant entre les différents niveaux de pouvoir, bisbilles communautaires…

“Laisser 40 années d’échafaudages sur le plus grand palais de justice du monde, c’était totalement inacceptable”

Mathieu Michel, secrétaire d’État chargé de la Régie des Bâtiments

La justice, parent pauvre des institutions

Pour beaucoup, cette saga reflète la place de la justice dans les priorités politiques. “Le maillon faible, le mal-aimé des trois pouvoirs”, résume l’avocat Jean-Pierre Buyle, fondateur de l’association Poelaert qui milite pour une rénovation digne de ce nom. Un constat amer :

“Ici quand un plafond s’écroule à cause de problèmes d’humidité, on regarde le plafond par terre, on ferme la porte et on attend deux-trois ans. Quand ça se passe au Parlement ou au Palais royal, l’après-midi les ouvriers sont au chantier et on travaille”

Jean-Pierre Buyle, avocat et fondateur de l’association Poelaert

Le bout du tunnel enfin en vue

Mais le vent semble enfin tourner pour ce chantier part maudit. Sous l’impulsion conjointe de l’État fédéral et de la région bruxelloise, les travaux ont repris de plus belle en 2022. La rénovation de la façade principale, première étape d’un lifting complet, bat son plein avec un budget de 32 millions d’euros.

Pierre par pierre, les éléments décoratifs abîmés par des décennies d’infiltrations sont minutieusement nettoyés ou remplacés à l’identique. Au total, ce sont près de 370 tonnes de pierres, l’équivalent de 14 camions, qui ont déjà été remplacées. Un travail de fourmi titanesque qui devrait permettre de libérer le bâtiment de sa gangue métallique d’ici fin 2025.

Les échafaudages ne devraient plus être qu’un lointain souvenir avant 2030, juste à temps pour le bicentenaire de la Belgique. Un symbole fort pour ce palais qui a traversé toute l’histoire du pays. Restera ensuite à rénover les intérieurs, un autre défi de taille en perspective. Mais qu’importe, le plus dur est fait. Après 40 ans de paralysie, la réhabilitation de ce joyau du patrimoine est enfin sur les rails.

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