C’est une affaire qui fait grand bruit dans le milieu des paris en ligne et de la cryptomonnaie. L’Autorité Nationale des Jeux (ANJ), le gendarme français des jeux d’argent, a annoncé jeudi dernier qu’elle passait au crible les opérations de Polymarket, un marché de prédiction basé sur la blockchain. L’élément déclencheur ? Les gains records d’un mystérieux parieur français ayant misé des sommes colossales sur la victoire de Donald Trump aux dernières élections présidentielles américaines.
Un jackpot qui sème la controverse
Connu uniquement sous le prénom de Théo, ce citoyen français a défrayé la chronique en remportant pas moins de 50 millions de dollars sur Polymarket en pariant massivement, et avec succès au final, sur un second mandat de Trump. Et ce malgré des sondages donnant son adversaire Kamala Harris grande favorite. Un coup de poker audacieux qui soulève aujourd’hui des questions sur la légalité et l’éthique de ces paris électoraux d’un genre nouveau.
Nous sommes conscients de ce site et examinons actuellement son fonctionnement et sa conformité à la législation française sur les jeux d’argent.
Un porte-parole de l’ANJ
Polymarket dans le viseur des autorités
Basé à New York, Polymarket permet à ses utilisateurs d’acheter et vendre des actions représentant l’issue d’événements futurs, notamment politiques. Chaque action rapporte 1 dollar si la prédiction se réalise, zéro sinon. Les prix, exprimés en centimes, reflètent donc les probabilités attribuées par le marché. Déjà interdit aux Américains, le site s’appuie sur une audience mondiale. Mais ses jours pourraient être comptés en France.
Selon une source proche de l’ANJ citée par The Big Whale, l’autorité s’apprêterait à bloquer l’accès à la plateforme sur le territoire. « Même si Polymarket utilise des cryptomonnaies, cela reste une activité de paris, ce qui n’est pas légal en France », aurait-elle déclaré. L’examen approfondi en cours devrait bientôt livrer ses conclusions et déterminer les éventuelles sanctions.
Des marchés prédictifs décriés
Pour leurs partisans, les marchés de prédiction comme Polymarket seraient plus fiables que les sondages car les participants misent de l’argent et sont donc incités à parier sur ce qu’ils pensent probable, pas souhaitable. Mais leurs détracteurs pointent les risques de manipulation, les dérives spéculatives et l’influence indue sur les scrutins. Aux États-Unis, le gendarme boursier (CFTC) envisage d’interdire ce type de paris.
L’affaire Polymarket illustre en tout cas les défis posés par la démocratisation des cryptomonnaies et l’essor des marchés décentralisés. Entre innovation et régulation, la frontière est souvent ténue. Si le jackpot de Théo fait rêver plus d’un, il pourrait bien sonner le glas de ces paris électoraux nouvelle génération. À moins que les régulateurs ne trouvent un compromis pour les encadrer sans les étouffer. L’avenir nous le dira.
Les autorités en quête d’équilibre
Face à ces nouvelles pratiques rendues possibles par la technologie blockchain, le défi pour les régulateurs est de trouver le juste équilibre. Comment protéger les citoyens contre les dérives et manipulations, sans pour autant brider l’innovation? La tâche est ardue car ces plateformes décentralisées échappent souvent aux cadres juridiques classiques.
Une chose est sûre : l’affaire Polymarket n’est que la partie émergée de l’iceberg. Avec la montée en puissance des cryptomonnaies et des applications décentralisées, les autorités vont devoir s’adapter et inventer de nouveaux modes de régulation. Un vaste chantier qui ne fait que commencer et dont l’enjeu n’est autre que notre modèle démocratique à l’ère numérique.
En attendant, le mystérieux Théo peut savourer son jackpot, tout en sachant qu’il a peut-être, malgré lui, contribué à accélérer la fin d’une certaine forme de paris politiques en ligne. Son audace lui aura en tout cas offert une notoriété mondiale, en plus d’une fortune qui fait fantasmer. Mais à quel prix pour les marchés prédictifs et notre débat démocratique ? Le temps nous le dira.