C’est un coup de tonnerre dans la géopolitique africaine. Pour la première fois, un pays du G7 a décidé de sanctionner directement les groupes paramilitaires russes opérant sur le continent. Le ministère britannique des Affaires étrangères a en effet annoncé jeudi un important train de mesures visant plusieurs entités, dont le tristement célèbre groupe Wagner. Mais c’est surtout son successeur présumé, Africa Corps, qui est dans le viseur de Londres.
Des « violations généralisées des droits humains »
Le communiqué du Foreign Office est sans équivoque. Africa Corps, ainsi que deux autres groupes liés au Kremlin, la brigade Bears et PMC Espanola, sont accusés « d’avoir commis des violations généralisées des droits humains sur tout le continent ». Ils auraient également « exploité les ressources naturelles de ces pays pour leur profit », dans le but « d’étendre la sphère d’influence » de la Russie.
Des accusations graves, qui font suite à de nombreux rapports d’ONG ces derniers mois. En Centrafrique comme au Mali, la présence de ces mystérieux « conseillers » envoyés par Moscou suscite beaucoup d’inquiétudes. Exactions contre les populations civiles, pillage des ressources, ingérence politique… Les griefs sont nombreux.
Des sanctions inédites
Face à cette situation, le Royaume-Uni a donc décidé de passer à l’action. Au total, 56 nouvelles entités sont visées par ce « paquet » de sanctions, le plus important depuis mai 2023. Il doit permettre de « frapper au cœur de la machine de guerre de Poutine », selon les mots du chef de la diplomatie britannique David Lammy.
Ces nouvelles mesures permettront de continuer à s’opposer à la politique étrangère destructrice du Kremlin, sapant les tentatives de la Russie de favoriser l’instabilité en Afrique.
David Lammy, ministre britannique des Affaires étrangères
Concrètement, les entités et individus sanctionnés se voient interdire tout lien économique avec le Royaume-Uni. Leurs avoirs potentiels sur le sol britannique sont gelés.
Saper la « machine de guerre » russe
Autre aspect notable de ces sanctions : elles ne se limitent pas au cas africain. De nombreux fournisseurs du « complexe militaro-industriel » russe sont également visés.
Le but : « limiter l’apport d’équipements militaires cruciaux dont Poutine a désespérément besoin pour sa guerre illégale en Ukraine ». Basés en Chine, en Turquie et en Asie centrale, ces acteurs seraient « impliqués dans la fourniture et la production de matériel » militaire et technologique à destination de la Russie.
Appel à une mobilisation internationale
Pour Londres, il est temps d’agir. Ces sanctions montrent que le Royaume-Uni est prêt à assumer le leadership sur ce dossier, en espérant entraîner ses alliés dans son sillage.
C’est le sens du message envoyé par ces mesures sans précédent. Face à la Russie, dont l’influence grandissante en Afrique inquiète, une réponse coordonnée des Occidentaux devient urgente.
Reste à voir si cet appel sera entendu, et quelles seront les conséquences concrètes pour les groupes visés. Une chose est sûre : le Kremlin regardera ces développements de très près. Et nul doute qu’il tentera de riposter, d’une manière ou d’une autre.