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L’UEFA ne sanctionnera pas le PSG pour le tifo pro-palestinien

L'UEFA a tranché : pas de sanction pour le PSG suite au tifo pro-palestinien déployé par les ultras. Mais la polémique enfle, entre condamnations politiques et débat sur les messages dans les stades. Retour sur une soirée sous haute tension...

C’était une image forte, inattendue dans un stade de football. Mercredi soir au Parc des Princes, juste avant le coup d’envoi du match de Ligue des Champions entre le PSG et l’Atlético de Madrid, les ultras parisiens ont déployé un imposant tifo aux couleurs de la Palestine. Un message sans équivoque, avec la mention “Free Palestine”, un drapeau ensanglanté, des chars… Une prise de position politique qui n’a pas manqué de faire réagir, jusqu’au plus haut sommet de l’État. Mais qu’en pense l’UEFA, le gendarme du football européen ? La réponse est tombée ce jeudi : pas de sanction à l’horizon pour le club de la capitale.

Une banderole polémique mais pas “provocatrice” selon l’UEFA

Dans un communiqué transmis à l’AFP, un porte-parole de l’instance européenne a en effet expliqué qu'”il n’y aura pas de cas disciplinaire puisque la banderole déployée ne peut pas être considérée comme provocatrice ou insultante dans ce cas précis”. Pourtant, l’article 16.4 du règlement disciplinaire permet en théorie de sanctionner “tout message provocateur inadapté à un événement sportif”, en ciblant notamment les proclamations politiques, idéologiques, religieuses ou injurieuses.

Mais il faut croire que ces critères n’étaient pas réunis ici aux yeux de l’UEFA. Une décision qui tranche avec les sanctions prises récemment pour des banderoles ou chants homophobes, ou encore pour les cris de singe de supporters hongrois lors du dernier Euro. Tout est donc affaire d’interprétation, avec ce mot-clé : “provocateur”. On peut s’interroger sur cette notion, et la frontière ténue avec une simple expression politique, dans un monde où les sensibilités sont exacerbées.

Un club pris au dépourvu

En attendant, cette polémique a pris de court le PSG, qui a assuré n’avoir pas été informé en amont de cette initiative des ultras. “Le club n’a eu connaissance du projet d’affichage d’un tel message” et “s’oppose fermement à tout message à caractère politique dans son stade”, ont précisé les dirigeants parisiens. Une façon de se dédouaner de toute responsabilité dans cette affaire.

Des réactions jusqu’au gouvernement

Mais au-delà du club, c’est surtout dans la sphère politique que les réactions ont été les plus vives. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France a fustigé une “scandaleuse banderole” et un “appel à la haine”. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a à son tour condamné cette initiative, jugeant que “ce tifo n’avait pas sa place dans ce stade”. “Si cela devait se répéter, il faudra envisager d’interdire les tifos pour les clubs qui ne font pas respecter les règles”, a-t-il même menacé.

Son collègue des Sports est sur la même ligne, appelant le PSG à “respecter les règles” des compétitions “dans lesquelles il est engagé”. “Non aux dérives inacceptables dans les tribunes de nos stades. Les terrains de sport ne doivent pas devenir des tribunes politiques”, a martelé le ministre. Des déclarations musclées qui témoignent du malaise suscité par cette affaire dans les plus hautes sphères de l’État.

Entre liberté d’expression et respect des règles

On voit bien que ce tifo pro-palestinien a heurté certaines sensibilités et posé la question des limites à ne pas franchir dans l’expression des opinions politiques au stade. D’un côté, on peut y voir une atteinte à la neutralité à laquelle sont censés s’astreindre les lieux du sport. De l’autre, difficile de nier qu’il s’agit aussi d’une forme de liberté d’expression, surtout quand le message véhiculé n’est pas ouvertement haineux ou insultant.

C’est ce dilemme qu’a dû trancher l’UEFA, avec sa notion de banderole “provocatrice”. Un jugement forcément subjectif et délicat. Certains pourront regretter qu’elle ait choisi la mansuétude dans ce cas précis, là où par le passé elle s’est montrée intransigeante dans d’autres affaires mêlant sport et politique. Mais force est de constater que les textes laissent une certaine marge d’interprétation, pour le meilleur ou pour le pire.

L’avenir du PSG et des tifos en question

Reste à savoir quelles seront les suites de cette polémique pour le PSG et ses supporters ultras. Le club risque-t-il vraiment de se voir privé de ses tifos à l’avenir, comme l’a suggéré le ministre de l’Intérieur ? Une menace qui ressemble plus à un coup de pression qu’à une réelle perspective à ce stade. L’UEFA, de son côté, sera sûrement attentive à ce que de telles manifestations ne se reproduisent pas trop souvent, au risque de laisser s’envenimer les choses.

Plus globalement, cet épisode pose la question de la place du politique dans le sport, et de la liberté d’expression des supporters. Un vieux débat, qui n’est pas près de s’éteindre. Dans un contexte de tensions exacerbées, où le moindre fait et geste est scruté et commenté, il est plus que jamais difficile de trouver le bon équilibre. Entre passion, engagements et respect des règles, la ligne de crête est souvent très étroite. Le PSG et ses ultras en ont fait l’amère expérience.

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