Un séisme secoue actuellement l’industrie des eaux embouteillées en France. Au cœur de la tempête : le géant Nestlé Waters, propriétaire de marques emblématiques comme Vittel, Contrex et Perrier. Une commission d’enquête sénatoriale vient d’être lancée pour examiner à la loupe les pratiques controversées du leader du secteur, soupçonné d’avoir eu recours à des procédés de filtration interdits.
Des révélations qui font des vagues
Selon des informations rapportées par plusieurs médias, Nestlé Waters aurait utilisé des traitements de filtration non autorisés pour les eaux minérales, comme des lampes UV et du charbon actif. Si ces procédés ne présenteraient pas de danger sanitaire direct, ils sont néanmoins strictement proscrits par la réglementation. Face au scandale naissant, le parquet d’Epinal a ouvert une enquête préliminaire.
Mais les révélations ne s’arrêtent pas là. Il semblerait que le gouvernement français ait été avisé dès 2021 par Nestlé de ces pratiques illicites. Pourtant, les autorités auraient choisi d’étouffer l’affaire, assouplissant discrètement la réglementation pour permettre l’utilisation de microfiltres. Un manque de transparence dénoncé par les sénateurs à l’origine de la commission d’enquête.
Nestlé Waters déjà sanctionné
Ce n’est pas la première fois que Nestlé Waters est épinglé. Le groupe a récemment écopé d’une amende de 2 millions d’euros pour l’utilisation de traitements non autorisés et l’exploitation de forages sans autorisation. Et Nestlé n’est pas seul dans la tourmente. Son concurrent direct, le groupe Alma (Cristaline, Saint-Yorre…), fait lui aussi l’objet d’une procédure judiciaire.
Chaque révélation fait surgir une nouvelle tête : une dimension sanitaire d’ampleur qui s’affirme et une menace écologique pour la ressource qui se manifeste.
Alexandre Ouizille, rapporteur de la commission d’enquête
Des enjeux sanitaires et environnementaux
Au-delà des pratiques illégales, c’est bien la question de l’impact sur la santé des consommateurs et sur l’environnement qui est posée. La commission d’enquête sénatoriale entend faire la lumière sur les risques potentiels liés à ces traitements de filtration. Elle s’intéressera également à « l’accaparement des sources par des acteurs industriels » et aux conséquences sur la durabilité de la ressource en eau.
Face à la polémique, Nestlé Waters assure de son côté que « toutes [ses] eaux peuvent être bues en toute sécurité ». Le groupe affirme avoir agi « en toute transparence avec les autorités » et se dit prêt à coopérer pleinement avec la commission d’enquête. Reste à savoir ce que l’investigation sénatoriale révélera et quelles en seront les conséquences pour l’industrie des eaux embouteillées, déjà sous pression avec la montée des préoccupations environnementales.
Un secteur sous surveillance
Cette affaire est symptomatique des défis auxquels est confronté le secteur des eaux en bouteille. Pointé du doigt pour son impact écologique, il doit aussi faire face à une défiance grandissante des consommateurs, de plus en plus sensibles à la qualité et à la traçabilité des produits. Dans ce contexte, la transparence et le respect des réglementations apparaissent plus que jamais comme des impératifs pour les acteurs du marché.
Nul doute que les révélations de la commission d’enquête sénatoriale seront scrutées de près, bien au-delà de l’Hexagone. Car c’est tout un modèle économique qui pourrait être remis en question si les soupçons de pratiques illégales et de dissimulation étaient avérés. L’affaire Nestlé Waters pourrait bien être le déclencheur d’une prise de conscience salutaire pour une industrie en quête de légitimité.