L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis suscite des réactions contrastées à travers le monde. En Iran, pays avec lequel Washington entretient des relations particulièrement tendues depuis des décennies, les autorités espèrent que ce changement à la Maison Blanche permettra un “réexamen des approches erronées du passé”, selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Cet appel intervient alors que l’Iran et les États-Unis sont à couteaux tirés depuis la Révolution islamique de 1979 qui a renversé le régime du Shah, soutenu par Washington. Les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 après la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran. Depuis, leurs rapports restent dominés par la méfiance et l’hostilité.
Un premier mandat Trump marqué par l’escalade des tensions
Durant son premier mandat de 2017 à 2021, le président Trump avait adopté une ligne dure envers l’Iran. En mai 2018, il a retiré unilatéralement les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, pourtant conclu trois ans plus tôt par les grandes puissances pour encadrer les activités atomiques de Téhéran. Dans la foulée, Washington a rétabli de lourdes sanctions économiques contre l’Iran.
En réaction, la République islamique s’est progressivement affranchie des restrictions à son programme nucléaire prévues par l’accord de 2015. Les tensions sont encore montées d’un cran début 2020 après l’assassinat en Irak du général iranien Qassem Soleimani sur ordre de Trump. Les deux pays ont alors semblé au bord d’un affrontement militaire direct.
La presse iranienne divisée sur le résultat de l’élection
La victoire de Trump suscite des réactions mitigées dans les médias iraniens. Le journal ultraconservateur Kayhan écrit que “les États-Unis sont le grand Satan, quel que soit le président”, estimant que la politique américaine n’a pas fondamentalement changé sous l’administration Biden. Le quotidien gouvernemental Iran reconnaît que “l’économie iranienne a été touchée par les pressions” mais juge que “la situation est désormais différente et Trump ne pourra plus isoler l’Iran et nuire à son économie”.
De son côté, le journal réformateur Ham Mihan critique “les déclarations diplomatiques” des responsables iraniens affirmant que peu importe qui est à la Maison Blanche. Ces dernières semaines, Téhéran a en effet martelé que l’identité du locataire de la Maison Blanche ne changeait rien pour l’Iran.
Vers une inflexion de la politique iranienne de Washington ?
Au-delà de la rhétorique, l’appel de l’Iran à un changement d’approche de la part des États-Unis témoigne d’une certaine attente, voire d’un espoir, de voir la présidence Trump infléchir la position américaine. Selon des analystes, Donald Trump, connu pour son style imprévisible et transactionnel en politique étrangère, pourrait être tenté de marquer une rupture avec l’ère Biden en relançant la diplomatie avec Téhéran.
Cependant, rien ne garantit un tel revirement. Durant la campagne, Trump a certes critiqué la stratégie de “pression maximale” de son prédécesseur envers l’Iran, la jugeant inefficace, mais il n’a pas détaillé ce que serait sa propre politique. Sa volonté de paraître en position de force face à l’Iran et les pressions du camp conservateur américain et de certains alliés comme Israël pourraient le pousser à maintenir une ligne dure.
Il est donc encore trop tôt pour prédire si l’élection de Donald Trump ouvrira une nouvelle page dans les relations américano-iraniennes. Une chose est sûre : après 40 ans de rivalité et de défiance, la route vers une normalisation s’annonce longue et semée d’embûches. Toute avancée nécessitera des gestes concrets des deux côtés et un difficile travail diplomatique pour restaurer un minimum de confiance.