Mercredi soir, une audition tendue s’est déroulée au Parlement européen à Bruxelles. Oliver Varhelyi, proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban et potentiel futur commissaire européen à la Santé, était sur la sellette. Malgré plus de trois heures d’échanges, le Hongrois n’a pas obtenu l’aval des eurodéputés et devra encore leur fournir des précisions par écrit dans les jours à venir.
Au cœur des débats : l’avortement et les droits des femmes
Durant son audition, Oliver Varhelyi a subi un feu nourri de questions, provenant principalement du centre et de la gauche de l’hémicycle. Les eurodéputés l’ont vivement interpellé sur des sujets sensibles comme le droit à l’avortement et la santé reproductive.
Le commissaire hongrois s’est voulu rassurant, affirmant défendre les droits des femmes. Mais il a aussi souligné à plusieurs reprises que la question de l’avortement ne relève “pas d’une compétence de l’Union européenne”, mais plutôt du choix de chaque État membre.
“Il s’agit plus d’une question constitutionnelle et de droits de l’homme que d’une question médicale”, a estimé Oliver Varhelyi. “Nous avons différentes solutions, État membre par État membre. Et ce sont des choix de société.”
Un commissaire proche d’Orban qui interpelle
La nomination d’Oliver Varhelyi, un proche de Viktor Orban, à un poste clé comme celui de la Santé, inquiète au Parlement européen. Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, le dirigeant hongrois ultra-conservateur multiplie les mesures natalistes et les atteintes au droit à l’avortement dans son pays.
Même si l’IVG reste légale en Hongrie jusqu’à 12 semaines dans la plupart des cas, la nouvelle Constitution de 2012 voulue par Orban défend “la vie du fœtus dès sa conception”. En septembre dernier, un décret controversé oblige désormais les femmes à écouter le rythme cardiaque du fœtus avant d’avorter.
Un commissaire qui devra encore convaincre
Déjà membre de la précédente Commission européenne, Oliver Varhelyi n’en est pas à sa première polémique. En 2023, il avait été accusé d’avoir traité des députés européens “d’idiots”, sans savoir que son micro était ouvert.
“Ce n’était pas destiné au Parlement européen”, s’est-il défendu mercredi soir. “Je me suis excusé immédiatement et je suis heureux de m’excuser ici aujourd’hui.”
Au final, les eurodéputés n’ont pas écarté la candidature du Hongrois, mais ne lui ont pas non plus donné leur feu vert. Oliver Varhelyi, qui sera aussi en charge du bien-être animal s’il est confirmé, va devoir leur transmettre des réponses écrites complémentaires dans les prochains jours.
Ce n’est qu’à l’issue de ce processus que les parlementaires se prononceront définitivement sur son sort, en même temps que sur l’ensemble de la nouvelle Commission européenne. Un vote final est prévu le 27 novembre prochain.