Le spectre de la violence continue de hanter le Soudan du Sud, près de 13 ans après son indépendance en 2011. Une attaque menée par des voleurs de bétail dans l’État d’Equatoria-Central a fait 22 morts, selon les autorités locales. Cette tragédie rappelle la fragilité de la paix dans ce pays miné par les luttes de pouvoir, la corruption et les conflits ethniques.
Une attaque sanglante dans la nuit
D’après des sources proches du dossier, l’attaque s’est déroulée aux alentours de 2 heures du matin, heure locale, alors que des éleveurs de bétail se trouvaient sur un marché dans la localité de Mogiri. Des jeunes armés venus de l’État voisin de Jonglei ont ouvert le feu, semant la mort et la terreur. Au moins 22 personnes auraient perdu la vie dans cette attaque, et un nombre incalculable de têtes de bétail auraient été dérobées par les assaillants.
Un pays en proie à l’instabilité
Malgré l’accord de paix signé en 2018 entre les rivaux politiques Salva Kiir et Riek Machar, le Soudan du Sud peine à trouver la stabilité. La guerre civile qui a éclaté en 2013, deux ans seulement après l’indépendance, a fait 400 000 morts et des millions de déplacés. Si un gouvernement d’union nationale a été mis en place, avec Kiir comme président et Machar comme vice-président, les tensions restent vives.
L’épineux problème du désarmement
Face à cette nouvelle attaque meurtrière, le gouverneur de l’État de Jonglei, Majoub Biel Turuk, a lancé un appel au désarmement des civils. Selon lui, la force armée des civils dépasse actuellement celle des forces gouvernementales, ce qui représente un défi majeur pour le pays. Il a également exhorté les jeunes à cesser de s’entretuer et de piller le bétail, une pratique qui attise les violences.
En tant que pays, nous devons examiner cette question du désarmement des civils.
– Majoub Biel Turuk, gouverneur de l’État de Jonglei
Un report des élections qui inquiète
Dans ce contexte d’insécurité permanente, le président Salva Kiir a annoncé en septembre dernier le report de deux ans des premières élections démocratiques de l’histoire du Soudan du Sud. Une décision qui suscite l’inquiétude de nombreux observateurs, qui craignent que le pays ne s’enlise dans un cycle sans fin de violences et d’instabilité politique.
Un pays à reconstruire
Près de 13 ans après son accession à l’indépendance, le Soudan du Sud fait face à des défis immenses. Outre l’insécurité et les violences récurrentes, le plus jeune pays du monde doit aussi composer avec une pauvreté endémique, un manque criant d’infrastructures et des calamités climatiques à répétition. La communauté internationale, qui avait salué la naissance du Soudan du Sud en 2011, s’inquiète aujourd’hui de la dérive d’un pays qui semble s’enfoncer chaque jour un peu plus dans le chaos.
Il est urgent que toutes les parties prenantes, du gouvernement aux groupes armés en passant par la société civile, s’engagent résolument dans la voie de la paix et de la réconciliation nationale. Sans un sursaut collectif, le Soudan du Sud risque de voir s’évanouir tous les espoirs nés de son indépendance, et de rester prisonnier d’un cycle infernal de violences et de sous-développement. L’avenir de millions de Sud-Soudanais en dépend.