L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis suscite de vives inquiétudes quant à l’avenir de l’économie mondiale. C’est le constat alarmant dressé par François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, qui met en garde contre une hausse des risques économiques à l’échelle planétaire suite à cette victoire inattendue.
Lors d’une récente conférence à Lyon, le banquier central a souligné que l’arrivée au pouvoir de l’administration Trump entraînera probablement davantage de protectionnisme, synonyme d’inflation aux USA et de ralentissement de la croissance partout dans le monde. Il pointe également du doigt un probable creusement du déficit budgétaire américain et une montée des incertitudes, autant de facteurs susceptibles de peser lourdement sur la conjoncture internationale.
Un réveil européen indispensable
Face à ce nouveau contexte géopolitique et économique incertain, le gouverneur de la Banque de France en appelle à un sursaut salvateur du Vieux Continent :
L’élection américaine doit sonner le réveil européen après un long engourdissement.
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France
Il souligne notamment les faiblesses évidentes de l’Europe, en particulier son retard technologique et ses divisions politiques, qui la fragilisent dans ce nouvel environnement instable. Mais le banquier central refuse tout fatalisme et invite au contraire les Européens à valoriser leurs nombreux atouts :
- Des entreprises performantes
- D’importantes ressources financières
- Une grande richesse en talents
François Villeroy de Galhau déplore la tendance, dans le débat public européen, à se focaliser sur les faiblesses du continent plutôt que sur ses forces. Il rappelle que l’épargne constitue une ressource cruciale en Europe, dont plusieurs centaines de milliards sont investis chaque année hors de ses frontières, principalement aux États-Unis.
Mobiliser l’épargne européenne
Pour le gouverneur de la Banque de France, il est urgent de mieux canaliser cette précieuse manne financière vers les besoins d’investissement du Vieux Continent. Il plaide ainsi pour la mise en place d’une véritable union des marchés de capitaux (UMC) au sein de l’Union européenne.
Ce projet vise à mobiliser l’épargne privée des Européens en faveur de l’économie réelle et à faciliter les investissements. Mais il peine à se concrétiser depuis des années, en raison notamment de divergences persistantes entre la France et l’Allemagne sur ses modalités.
Surmonter les divergences
La victoire de Donald Trump et les risques qu’elle fait peser sur l’économie mondiale pourraient cependant changer la donne. Face à l’urgence de la situation, Paris et Berlin seront peut-être plus enclins à surmonter leurs différends pour renforcer la cohésion et la résilience européennes.
C’est en tout cas le vœu formulé par François Villeroy de Galhau, pour qui l’union des marchés de capitaux doit devenir une priorité absolue afin de consolider l’architecture financière du Vieux Continent. Un impératif d’autant plus crucial que le Brexit prive l’UE de la puissante place financière londonienne.
Les défis à relever
Au-delà de cet enjeu majeur, l’Europe doit s’atteler à combler son retard technologique sur les géants américains et asiatiques. Elle doit aussi impérativement resserrer les rangs politiques pour parler d’une seule voix sur la scène internationale et peser face à une Amérique plus imprévisible que jamais.
Des défis immenses mais à la hauteur des atouts du Vieux Continent, pour peu qu’il sache enfin les faire fructifier. L’élection de Trump doit être le déclic pour que l’Europe reprenne son destin en main et s’affirme comme un acteur économique de premier plan dans un monde en plein bouleversement.