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L’Irak refuse de servir de base arrière pour des attaques au Moyen-Orient

Dans un Moyen-Orient en ébullition, l'Irak s'efforce de rester neutre. Les autorités irakiennes démentent les rumeurs selon lesquelles leur territoire pourrait servir de base arrière à des attaques iraniennes contre Israël. Mais la pression monte et les avertissements fusent. L'Irak parviendra-t-il à se tenir à l'écart du conflit qui couve ?

Dans un Moyen-Orient sous haute tension, où l’Iran menace de riposter aux récentes frappes israéliennes sur son sol, l’Irak tente de se tenir à l’écart du conflit qui couve. Les autorités irakiennes ont tenu à assurer mercredi que leur territoire ne sera pas utilisé pour lancer “des attaques”, démentant ainsi les rumeurs relayées par certains médias.

Des “prétextes mensongers” pour justifier une attaque contre l’Irak ?

Selon le média américain Axios, qui cite une source du renseignement israélien, l’Iran pourrait utiliser le territoire irakien pour mener des représailles contre Israël. Des allégations aussitôt rejetées par Bagdad. “Les informations faisant état de l’utilisation du territoire irakien pour lancer des attaques ou des ripostes à des agressions ne sont que des prétextes mensongers”, a martelé le Conseil sécuritaire du gouvernement irakien dans un communiqué.

D’après les autorités irakiennes, le but de ces rumeurs serait en réalité de “justifier toute attaque contre l’Irak et sa souveraineté”. Une accusation grave dans une région où les tensions ne cessent de s’exacerber depuis plus d’un an, sur fond de guerre à Gaza entre le Hamas palestinien et Israël, et désormais au Liban avec le Hezbollah.

Washington met en garde Bagdad

Mardi, deux responsables américains cités par Axios ont de nouveau mis en garde l’Irak. Selon eux, Washington a averti Bagdad qu’il risquait “une attaque israélienne sur son territoire” s’il n’empêchait pas l’Iran de mener des représailles depuis son sol. Une pression supplémentaire pour le gouvernement irakien, déjà en équilibre précaire.

Porté au pouvoir par des partis pro-iraniens, l’exécutif irakien s’efforce en effet de tenir l’Irak à l’écart des tensions régionales. Un exercice d’équilibriste d’autant plus délicat que le pays accueille sur son territoire des soldats américains, déployés dans le cadre de la lutte contre l’État islamique. Or ces troupes ont été à de multiples reprises la cible de tirs de roquettes et de drones, menés par des groupes armés pro-iraniens.

Appel américain à protéger le personnel en Irak

Preuve que la situation est prise très au sérieux, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’en est entretenu mardi avec le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani. Selon un communiqué du département d’Etat, il a appelé le gouvernement irakien à “protéger le personnel américain” présent dans le pays.

Il est important que l’Irak ne se laisse pas entraîner dans un conflit régional. L’Irak doit exercer son contrôle sur les groupes armés qui lancent des attaques non-autorisées depuis son territoire.

Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain

Un message on ne peut plus clair adressé aux autorités de Bagdad, sommées de reprendre le contrôle des milices pro-iraniennes qui opèrent en toute impunité. Mais dans un Irak profondément divisé et affaibli, la marge de manoeuvre du gouvernement reste très limitée face aux pressions contradictoires de ses puissants voisins et alliés.

L’Irak, victime collatérale des tensions régionales ?

Pris en étau entre l’Iran et les États-Unis, qui se livrent une guerre d’influence dans la région, et menacé par les visées expansionnistes d’Israël, l’Irak craint par dessus tout de devenir le champ de bataille d’une guerre par procuration qui ravagerait un peu plus le pays.

Malgré les dénégations de Bagdad, le risque est bien réel de voir l’Irak happé dans l’engrenage des représailles, au mépris de sa souveraineté, si le bras de fer entre l’Iran et Israël venait à dégénérer. Un scénario catastrophe que les autorités irakiennes s’efforcent à tout prix d’éviter, dans un pays déjà meurtri par des décennies de conflits et d’instabilité.

Mais face à la détermination de l’Iran, allié encombrant et incontournable, à riposter coûte que coûte aux attaques d’Israël, et à la pression de Washington pour contenir l’influence iranienne dans la région, l’Irak dispose de bien peu de leviers pour peser sur le cours des événements. Un dilemme qui illustre toute la complexité et la fragilité de la position irakienne dans un Moyen-Orient à la croisée des chemins.

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