Au lendemain de la victoire choc de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de 2024, New York, bastion démocrate et ville monde vue comme un refuge pour les minorités, s’est réveillée groggy et incrédule. Pourtant, dans certains quartiers de la ville, des New-Yorkais savourent le retour au pouvoir de celui qu’ils voient comme un rempart contre la criminalité galopante et l’immigration illégale.
Une ville sous le choc
Dès l’annonce des résultats, une atmosphère lourde et morose s’est abattue sur la “Grosse Pomme”. Dans les rues de Brooklyn, à Manhattan ou dans le Queens, les visages sont graves et fermés. Freddy Lane, programmateur informatique afro-américain de 29 ans, ne cache pas sa déception et ses craintes pour l’avenir :
“C’est vraiment malheureux de voir à quel point les choses vont mal. Je suis inquiet. Les personnes qui n’exprimaient pas ouvertement leurs sentiments à l’égard des minorités vont se sentir légitimes de passer à l’acte.”
Un sentiment partagé par Alex Dumont, mère de famille de 41 ans, qui redoute de voir Trump gouverner “avec tous les pouvoirs” et se sentir “inarrêtable”.
La peur des communautés immigrées
Ville mosaïque où près de 40% de la population est née à l’étranger, New York s’inquiète particulièrement du sort réservé aux immigrés sous la présidence Trump. Sa rhétorique de plus en plus violente, accusant les migrants d'”empoisonner le sang” du pays, et ses promesses d’expulsions massives font frémir Erin Kathleen, professeure d’université de 29 ans :
“Beaucoup de gens vont avoir peur.”
L’arrivée récente dans l’urgence de plus de 200 000 migrants depuis le printemps 2022 a particulièrement marqué les esprits et semble avoir joué en faveur de Trump.
Le retour de Trump, espoir d’un “retour à la normale” pour certains
Malgré la consternation qui domine, certains New-Yorkais voient dans la victoire de Trump l’opportunité d’un retour à “l’ordre”. Pour Nathalie Feldgun, avocate vivant dans un quartier très démocrate, “le pays n’a plus de frontières”.
Rich Gala, 60 ans, travaillant sur un chantier de construction, assume avoir voté “pour celui qui mettra l’Amérique et les Américains avant les autres”. Son collègue Steve, 58 ans, espère que Trump ramènera de la “normalité” et luttera contre “les criminels qui ne sont pas inquiétés et les rues qui ne sont pas sûres”.
New York, théâtre des paradoxes trumpiens
Né dans le Queens, Donald Trump a fait fortune dans l’immobilier à New York, construisant des gratte-ciel controversés grâce à de généreux avantages fiscaux de la ville. Un parcours paradoxal qui ne manque pas de faire réagir les New-Yorkais.
“Trump ne s’intéresse qu’à son bien-être financier et va profiter de nous. C’est ce qui fait peur, on ne sait pas à qui il va nous vendre.”
déplore Valerie Cihylik, retraitée croisée à Central Park.
Au final, cette élection présidentielle aura mis en exergue les fractures béantes qui divisent la société américaine, jusque dans la ville monde de New York. Entre peurs et espoirs, rejet et adhésion, la “Grosse Pomme” devra, comme le reste du pays, composer avec ce nouveau chapitre de l’ère Trump.