L’Autriche est secouée par un procès retentissant. Egisto Ott, un ex-membre des services secrets autrichiens, se retrouve sur le banc des accusés, soupçonné d’avoir échangé des données sensibles avec l’extrême droite. Les enjeux sont de taille : a-t-il agi en lanceur d’alerte ou en agent double ? Sur fond d’accusations d’espionnage pour la Russie, le procès promet son lot de révélations fracassantes.
Une carrière trouble dans le viseur de la justice
Depuis des années, les activités d’Egisto Ott font l’objet d’enquêtes. Cet homme à la carrure imposante est accusé d’avoir abreuvé un député d’extrême droite d’informations susceptibles de « discréditer » les renseignements autrichiens. Un acte passible de trois ans de prison pour violation du secret de la fonction.
Mais les soupçons ne s’arrêtent pas là. Ott aurait aussi livré l’identité d’employés sous couverture, mettant potentiellement en péril la sécurité nationale. Et comme si cela ne suffisait pas, il aurait cherché à collecter les noms des agents enquêtant sur l’Ibizagate, un scandale de corruption impliquant l’extrême droite. Un véritable jeu d’espion en eaux troubles.
Un co-accusé encombrant
Dans cette affaire, Egisto Ott n’est pas seul sur le banc des accusés. Hans-Jörg Jenewein, ancien élu du parti d’extrême droite FPÖ, est soupçonné de lui avoir transmis des documents confidentiels issus de commissions parlementaires à huis clos. Une « bêtise » selon lui, mais un délit pour le parquet.
On a le droit de partager des informations entre détenteurs du secret de la fonction.
– Egisto Ott, lors de son procès
Des échanges suspects avec la Russie ?
La question qui brûle les lèvres : certaines de ces informations étaient-elles destinées à la Russie, dont le FPÖ était proche à l’époque ? Egisto Ott balaie ces soupçons d’un revers de main, qualifiant d' »absurde » l’idée qu’il ait pu espionner pour le Kremlin. Pourtant, dans d’autres volets de l’enquête, il est suspecté d’avoir fourni aux services de sécurité russes des téléphones portables de membres du cabinet du ministre de l’Intérieur.
L’ombre de l’affaire Wirecard
Pour ajouter à la complexité de l’affaire, le nom de Jan Marsalek apparaît. Cet homme, recherché dans le cadre de la faillite de la société Wirecard, est aujourd’hui accusé d’espionnage pour Moscou. Et devinez qui aurait mené des recherches pour lui ? Egisto Ott, évidemment.
Le passage de l’extrême droite au ministère de l’Intérieur entre 2017 et 2019 a laissé des traces. Craignant des fuites, plusieurs pays occidentaux avaient alors limité leurs échanges d’information avec l’Autriche, pourtant réputée neutre.
Un pays en quête de stabilité politique
Sur fond de ce procès explosif, l’Autriche cherche à se doter d’un gouvernement stable suite aux législatives de septembre. Mais avec la victoire du FPÖ, aucun parti ne souhaite s’allier avec cette formation d’extrême droite, pointant notamment du doigt sa proximité avec Moscou. Le pays retient son souffle, dans l’attente d’un dénouement politique et judiciaire.
Ce procès met en lumière les zones d’ombre des services de renseignement autrichiens. Entre soupçons d’espionnage, collusions politiques et scandales à répétition, c’est toute la sécurité nationale qui vacille. Il appartient désormais à la justice de faire la lumière sur ces troubles affaires, pour le bien de la démocratie autrichienne.