Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche annonce une nouvelle ère de turbulences pour la Chine. Alors que les dirigeants du monde entier adressaient leurs félicitations au candidat républicain fraîchement réélu, Pékin se prépare à affronter quatre années supplémentaires de surtaxes douanières, de tensions diplomatiques et de joutes verbales. Un scénario qui n’est pas sans rappeler le premier mandat de Trump, marqué par une guerre commerciale acharnée contre le géant asiatique.
L’économie chinoise dans la tourmente trumpienne
Selon des experts en relations sino-américaines, la Chine peut s’attendre à un regain de pressions économiques de la part de l’administration Trump. Le magnat républicain avait en effet fait campagne en promettant d’imposer des droits de douane de 60% sur l’ensemble des produits chinois importés aux États-Unis, une menace qui pourrait frapper jusqu’à 500 milliards de dollars de marchandises si elle venait à être mise à exécution.
Pour une économie chinoise déjà fragilisée par l’une de ses pires croissances depuis des années, cette perspective est loin d’être réjouissante. “Les relations économiques et commerciales seront celles qui seront le plus touchées”, prédit Wu Xinbo, directeur du Centre d’études américaines de l’université Fudan à Shanghai. “Trump a déjà dit qu’il allait jouer la carte des surtaxes douanières contre la Chine.”
Trump, le négociateur fantasque
Toutefois, certains analystes soulignent que ce chiffre de 60% pourrait n’être qu’une simple tactique de la part du président réélu, réputé pour ses qualités de négociateur. “Ce que les Chinois ont appris de Trump, c’est qu’il dit beaucoup de choses parce qu’il est fantasque, mais qu’il ne met pas forcément ses menaces à exécution”, tempère Hoo Tiang Boon, professeur à l’université technologique de Nanyang à Singapour.
Trump est ouvert à la négociation, mais en même temps, il est enclin aux extrêmes.
Hoo Tiang Boon, professeur à l’université technologique de Nanyang
Le magnat républicain se présente en effet régulièrement comme un négociateur hors pair, capable d’entretenir des relations uniques avec certains dirigeants étrangers, notamment ceux de pays autoritaires. En octobre dernier, il vantait ainsi sa “relation très forte” avec le président chinois Xi Jinping, affirmant être en mesure de le dissuader de lancer une opération militaire contre Taïwan… en imposant des droits de douane de 150% sur les produits chinois.
Politique étrangère : le jeu d’influence chinois
Si les tensions économiques restent la principale crainte de Pékin, certains analystes estiment que le mépris affiché par Donald Trump envers les alliances internationales, comme l’OTAN, pourrait paradoxalement jouer en faveur de la Chine. Le géant asiatique cherche en effet à promouvoir une gouvernance mondiale moins centrée sur l’Occident.
“L’approche America First de Trump est susceptible d’affaiblir les alliances occidentales et de laisser davantage de marge de manœuvre à la Chine pour renforcer son influence dans le monde”, analyse M. Hoo. “Cela ouvrirait des perspectives à la Chine, du moins en matière de politique étrangère.”
Reste à savoir si cette opportunité sera suffisante pour compenser les dommages économiques causés par une éventuelle guerre commerciale. “Trump n’accorde peut-être pas autant d’importance aux relations avec ses alliés que l’administration Biden. Cela pourrait entamer leur volonté de se coordonner avec les États-Unis contre la Chine”, nuance Wu Xinbo.
Vers une coexistence pacifique ?
Malgré ces incertitudes, la Chine a fait savoir avant l’annonce des résultats qu’elle souhaitait une “coexistence pacifique” avec les États-Unis, quel que soit le vainqueur de l’élection. Un vœu pieux face à un président qui a fait de la confrontation avec Pékin l’un des marqueurs de sa politique étrangère ?
Difficile à dire, tant Donald Trump cultive l’art de la surprise et de la contradiction. S’il est peu probable de le voir se rendre à nouveau en Chine comme il l’avait fait en 2017, il n’est pas exclu qu’il accueille à son tour Xi Jinping à Washington. Histoire de démontrer une fois de plus ses talents d’homme d’affaires prêt à tout pour conclure un accord, quitte à souffler le chaud et le froid sur l’empire du Milieu.