Suite à l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les autorités irakiennes ont exprimé leur volonté de renforcer les liens avec Washington. Le Premier ministre d’Irak, Mohamed Chia al-Soudani, s’est dit prêt à “consolider les relations bilatérales” avec les Américains, dans le respect mutuel et la poursuite d’intérêts communs. Une main tendue qui intervient malgré des tensions par le passé entre les deux pays.
Un espoir de coopération approfondie
Dans un message publié sur le réseau social X (anciennement Twitter), Mohamed Chia al-Soudani a félicité Donald Trump pour son élection. Il a souligné son espoir que “cette nouvelle phase sera le début d’une coopération plus profonde entre nos deux pays dans de multiples domaines”. Une volonté de rapprochement partagée par le président irakien Abdel Latif Rachid, qui a lui aussi adressé ses félicitations au nouveau locataire de la Maison Blanche.
Le chef d’Etat irakien a notamment exprimé son souhait de voir la nouvelle administration américaine encourager “une nécessaire stabilité et un dialogue constructif dans la région”. Des voeux qui résonnent particulièrement au regard des tensions qui secouent le Moyen-Orient depuis plus d’un an, sur fond de guerre dans la bande de Gaza et de crise au Liban avec le Hezbollah.
Un exercice d’équilibriste pour Bagdad
Le gouvernement irakien, porté au pouvoir par des partis pro-iraniens, se livre à un délicat numéro d’équilibriste sur la scène régionale et internationale. Tout en étant un grand allié de l’Iran, Bagdad cherche à maintenir un partenariat stratégique solide avec les Etats-Unis. Une position inconfortable illustrée par la présence sur le sol irakien de soldats américains, déployés dans le cadre de la coalition anti-Etat islamique menée par Washington.
Ces troupes ont été la cible de nombreuses attaques à la roquette et au drone, revendiquées par des milices irakiennes pro-iraniennes. Des groupes armés qui ont également mené des opérations contre Israël. Autant d’éléments qui avaient contribué à dégrader sérieusement les relations entre Bagdad et Washington sous la présidence Trump, culminant avec l’assassinat en janvier 2020 du général iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis dans une frappe de drone américaine.
Reconstruire la confiance, un défi de taille
Malgré ce lourd passif, les autorités irakiennes semblent déterminées à tourner la page et à renouer le dialogue avec leur partenaire américain. Une tâche qui s’annonce ardue, au regard des profondes divisions qui traversent la classe politique et la société irakiennes sur la question des liens avec les Etats-Unis. La méfiance reste de mise chez une partie de la population, qui n’a pas oublié l’intervention militaire américaine de 2003 et ses conséquences désastreuses.
Pour reconstruire la confiance, le gouvernement irakien devra jouer finement et éviter tout geste susceptible d’être perçu comme une allégeance aveugle à Washington. Il lui faudra aussi composer avec l’influence toujours prégnante de l’Iran, qui n’entend pas laisser le champ libre aux Américains en Irak et dans la région. Un véritable casse-tête diplomatique pour Bagdad, condamné à louvoyer en permanence entre ses deux puissants alliés pour préserver ses intérêts nationaux.
L’élection de Donald Trump ouvre néanmoins une fenêtre d’opportunité pour une relance du dialogue et de la coopération entre l’Irak et les Etats-Unis. Reste à savoir si les bonnes intentions affichées de part et d’autre suffiront à surmonter les obstacles et les défiances accumulées au fil des années. Un pari loin d’être gagné, mais que les dirigeants irakiens semblent prêts à relever, conscients des enjeux cruciaux pour la stabilité et la prospérité de leur pays.