La perspective d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche suscite de vives inquiétudes en Iran. Les souvenirs douloureux de la politique de “pression maximale” et des lourdes sanctions imposées par Washington lors du premier mandat du président américain sont encore très présents dans les esprits.
“Ce sera néfaste pour l’Iran”, affirme sans détour Bashir Abbaspour, un employé de 37 ans. Comme beaucoup de ses compatriotes, il redoute un nouveau tour de vis économique en cas de victoire du candidat républicain. “Les sanctions vont augmenter et par conséquent les prix aussi”, prédit-il avec inquiétude.
L’accord sur le nucléaire en question
En 2015, la signature de l’accord sur le programme nucléaire iranien avait suscité un immense espoir dans le pays. Cet engagement de Téhéran à ne pas se doter de l’arme atomique, en échange d’une levée des sanctions internationales, laissait entrevoir des jours meilleurs pour l’économie et le quotidien des Iraniens.
Mais en mai 2018, Donald Trump a brutalement retiré les États-Unis de ce pacte et rétabli de sévères mesures punitives, notamment contre les secteurs pétrolier et financier. Un coup très dur pour l’Iran, qui a vu son économie plonger, l’inflation s’envoler et sa monnaie dégringoler.
Une population sous pression
“Je suis inquiète pour la situation du pays et son économie, les gens sont sous pression”, confie Zahra Eghbali, une femme au foyer de 56 ans. Comme beaucoup, elle espère que Téhéran et Washington parviendront à s’entendre “dans l’intérêt de la population”.
Mais le climat reste tendu entre les deux “ennemis” de longue date. Durant la campagne, des responsables américains ont accusé l’Iran d’ingérence dans le scrutin. Donald Trump affirme même avoir été visé par des menaces d’assassinat fomentées par Téhéran, ce que la République islamique dément fermement.
Vers un regain de tensions ?
Le premier mandat de Trump avait été marqué par une escalade des tensions, avec notamment l’assassinat en janvier 2020 du puissant général iranien Qassem Soleimani sur ordre du président américain. Les deux pays avaient alors paru au bord d’un affrontement militaire direct.
L’attitude des États-Unis à l’égard de l’Iran ne changera pas avec Trump ou n’importe quel autre président.
Reza Aram, employé d’assurances iranien
Le nouveau président iranien élu en juillet, Massoud Pezeshkian, s’est engagé à sortir son pays de l’isolement international pour tenter d’atténuer l’impact des sanctions. Mais le chemin s’annonce semé d’embûches avec un éventuel retour de l’administration Trump et sa ligne dure envers Téhéran.
Un avenir incertain
Alors que les Iraniens suivent avec appréhension le dépouillement des bulletins de l’autre côté de l’Atlantique, beaucoup doutent d’un véritable changement, quel que soit le vainqueur. “Le résultat des élections américaines ne fera aucune différence pour nous”, estime Ejan Abbas, un étudiant de 25 ans.
Dans ce contexte troublé, l’avenir des relations irano-américaines et celui de l’accord nucléaire semblent plus incertains que jamais. Les prochains mois seront déterminants pour savoir si la voie du dialogue l’emportera sur celle de l’affrontement, avec tout ce que cela implique pour la stabilité de la région et la vie quotidienne du peuple iranien.