ActualitésInternational

Les Infox Envahissent la Course à la Maison Blanche

Des infox massives ont entaché l'élection présidentielle américaine jusqu'à la victoire de Donald Trump. Malgré les mises en garde, les réseaux sociaux ont relayé des rumeurs de fraude, de bulletins détruits et de piratage, sur fond de vrais problèmes techniques. Le spectre...

Alors que l’Amérique retenait son souffle dans l’attente des résultats de l’élection présidentielle, une vague d’infox sans précédent a déferlé sur les réseaux sociaux, semant le doute et la confusion jusqu’à l’annonce de la victoire de Donald Trump ce mercredi. Le candidat républicain, qui n’a jamais reconnu sa défaite en 2020, et ses partisans ont une nouvelle fois alimenté des affirmations fausses et trompeuses tout au long de cette campagne électorale particulièrement tendue.

Un cocktail explosif d’allégations infondées

Urnes bourrées, bulletins déchirés, machines électorales piratées… Autant de rumeurs qui circulent depuis des mois sur la toile et qui ont été passées au crible par les équipes d’investigation numérique. Pour Julien Giry, docteur en sciences politiques, affirmer qu’il y a fraude “s’est imposé comme une sorte de répertoire classique de mobilisation pour les leaders populistes ou les leaders d’extrême droite, comme Donald Trump”. Un discours qui permet de toujours avoir raison, qu’on gagne ou qu’on perde.

X, l’épicentre de la désinformation

C’est sur X, le réseau social d’Elon Musk fervent soutien de Donald Trump, que les mots-clés “fraude”, “tricherie” ou “fraude électorale” ont atteint des sommets dans la nuit du 5 au 6 novembre. Puis, au fur et à mesure que la victoire du candidat républicain se dessinait, ces mentions ont nettement diminué selon les données analysées par l’AFP via l’outil Quicktrends de Visibrain.

Les autorités sur le qui-vive

Face à ce déferlement d’images sorties de leur contexte ou manipulées, les autorités étaient en alerte maximale pour tenter d’enrayer l’engrenage complotiste. Dans certains comtés sensibles comme celui de Maricopa en Arizona, des caméras filmaient en direct le décompte des voix pour prouver sa validité. Le FBI avait aussi multiplié les avertissements sur les risques de diffusion de faux communiqués en son nom. Il a ensuite confirmé avoir reçu de nombreux signalements sur des vidéos prétendant fallacieusement des dysfonctionnements massifs des machines à voter.

Le vote électronique, cible privilégiée des soupçons

Comme en 2020, le vote électronique s’est retrouvé au cœur de toutes les accusations, certaines rumeurs affirmant que les machines favorisaient délibérément Kamala Harris en empêchant de sélectionner Donald Trump. Ce dernier a lui-même dénoncé depuis son réseau Truth Social de supposées “fraudes massives” en cours à Philadelphie, bastion démocrate crucial en Pennsylvanie. Des allégations immédiatement démenties par les autorités locales, dans cet État finalement remporté par le candidat républicain selon les premiers résultats.

Dysfonctionnements réels, rumeurs amplifiées

Il est vrai que des problèmes techniques avérés dans certains bureaux de vote, comme des soucis de numérisation des bulletins dans le comté de Cambria en Pennsylvanie, ont parfois servi de point de départ à des théories hasardeuses sur des tentatives de sabotage de militants pro-Trump. Pourtant, les autorités ont rapidement résolu ces bugs et étendu les horaires de vote pour compenser tout préjudice.

Quand la paranoïa s’abreuve de faux

Dans un climat passionnel marqué par de fausses alertes à la bombe, attribuées par le gouvernement à des opérations de déstabilisation russes, les images trompeuses ont aussi nourri la peur de violences physiques. De la vidéo truquée d’un individu détruisant des votes Trump au graphique erroné d’une chaîne locale de Pennsylvanie annonçant prématurément la victoire de Kamala Harris, les contenus viraux n’ont eu de cesse de jeter de l’huile sur le feu en cette fin de campagne électorale particulièrement électrique.

Finalement, malgré l’ampleur de cette vague de désinformation inédite, le pire scénario d’une élection entièrement décrédibilisée ne s’est pas produit. Les nombreuses mises en garde des autorités et le travail de fact-checking des médias ont sans doute permis de limiter l’impact de ce flot continu d’infox. Mais cette nouvelle démonstration de force des machines à propager des rumeurs laisse présager de prochaines batailles politiques toujours plus imprégnées par le complotisme et la défiance envers les processus démocratiques. Un défi majeur pour la cohésion de nos sociétés.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.