C’est un véritable tremblement de terre politique qui vient de secouer les États-Unis et le monde entier. Contre toute attente, Donald Trump a réussi l’exploit de reconquérir la Maison Blanche lors de l’élection présidentielle américaine de 2024, infligeant une défaite cuisante à la candidate démocrate Kamala Harris. Un résultat qui suscite de nombreuses interrogations et inquiétudes, notamment chez les alliés des États-Unis, tant le style et les orientations de l’ancien et futur locataire de la Maison Blanche détonnent.
Un “désastre existentiel” pour les démocrates selon la presse britannique
Outre-Manche, les éditorialistes ne mâchent pas leurs mots pour qualifier ce qu’ils considèrent comme une déroute pour le camp démocrate. “La réélection de Trump est un désastre existentiel pour les démocrates” estime le Financial Times. Pour le quotidien économique, ce “résultat sismique” donne à Donald Trump “le mandat pour réformer les États-Unis de manière incroyablement radicale”. Le journal pointe aussi du doigt la piètre performance de Kamala Harris qui s’est montrée “au mieux médiocre lorsque la conversation s’est orientée vers l’économie”.
The Times abonde dans le même sens, jugeant que la candidate démocrate “a mal évalué l’écart d’enthousiasme et surestimé sa position sur le terrain”, en particulier auprès de l’électorat féminin. Une erreur fatale déjà commise en son temps par Hillary Clinton en 2016 face au même Donald Trump, rappelle le journal.
Kamala Harris, grande perdante de ce scrutin
Le constat est sans appel pour The Telegraph qui estime que Kamala Harris “a mené la pire campagne présidentielle de l’histoire moderne des États-Unis” avec une “offre qui manquait totalement de substance” au-delà d’un simple “n’importe qui sauf Trump”. Des attaques qui font écho à celles formulées par Donald Trump lui-même pendant la campagne.
Trump, un “revenant” controversé mais habile politiquement
En France, Le Monde voit en Donald Trump “un revenant porté par son instinct politique et son désir de vengeance”, saluant malgré tout ce “retour aux affaires historique à 78 ans, en dépit de ses déboires judiciaires et de propositions à l’emporte-pièce”.
Plusieurs observateurs soulignent en effet la capacité du milliardaire républicain à galvaniser les foules et fédérer autour de sa personnalité clivante, quitte à jouer sur les plus bas instincts. El País, en Espagne, voit dans ce succès “la victoire de cette manière agressive, masculinisée et décomplexée d’interagir avec les autres, où les insultes grossières ou les surnoms blessants remplacent les arguments”. Une domination par la “bête que nous avons tous en nous” et que Trump a su incarner selon le quotidien espagnol.
L’Europe dans l’expectative et en manque de leadership
Au-delà du choc provoqué par ce résultat, c’est l’inquiétude qui domine du côté des chancelleries européennes. Déjà fragilisé pendant le premier mandat de Donald Trump, le lien transatlantique risque d’être sérieusement mis à mal à en croire le Spiegel. L’hebdomadaire allemand craint “des changements massifs dans la politique étrangère et de sécurité américaine, qui devraient avoir des répercussions négatives” pour le Vieux Continent.
Le “tournant politique pour les États-Unis et le monde entier” que représente le triomphe de Trump met au défi des Européens peu préparés. Comme le souligne le journal polonais Rzeczpospolita, “il n’y a aucun dirigeant en Europe à l’heure actuelle qui soit en mesure de prendre la tête de la communauté occidentale”. Un vide que pourraient tenter de combler des personnalités comme le hongrois Viktor Orban ou même le russe Vladimir Poutine, met en garde le quotidien.
Les alliés des États-Unis entre pression et lâchage
Au sein même de l’Otan, le retour de Trump fait craindre un regain de tension autour du partage du fardeau concernant les dépenses militaires. Le Spiegel prévient que le président fraîchement élu “veut obliger les pays de l’Otan comme l’Allemagne à augmenter massivement” leur effort, allant jusqu’à brandir la menace d’un “retrait complet des États-Unis de l’Otan” en cas de fin de non-recevoir.
Plus largement, c’est la vision trumpienne du monde comme “une jungle où seule la loi du plus fort s’applique” qui alarme. Selon l’hebdomadaire allemand, les alliés de Washington ne seront “intéressants” aux yeux de l’hôte de la Maison Blanche “que s’ils se soumettent entièrement aux intérêts américains”, au risque sinon d’être “au choix insulté ou menacé”.
De profondes répercussions géopolitiques à prévoir
Au final, cette victoire surprise de Donald Trump ouvre une période d’incertitudes pour la scène internationale. Son style imprévisible et sa diplomatie transactionnelle promettent de bousculer les équilibres de la planète. La Chine, la Corée du Nord, l’Iran : nombreux sont les dossiers brûlants sur lesquels l’ancien et futur président pourrait imprimer sa marque de façon tonitruante.
Alors que les relations se sont considérablement dégradées entre les deux rives de l’Atlantique ces dernières années, l’Europe se retrouve plus que jamais sous pression. Tiraillée entre la volonté de garder l’alliance américaine et la nécessité de s’affirmer, elle va devoir jouer serré pour ne pas être prise en étau entre les grandes puissances. Un sacré défi que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, aussi inattendu que potentiellement dévastateur, vient brutalement lui poser.