C’est un drame de plus dans l’histoire déjà bien sombre de l’alpinisme himalayen. Un grimpeur indien de 46 ans, évacué du sommet de l’Everest la semaine dernière, a succombé à ses blessures dans un hôpital de Katmandou au Népal. Ce décès porte à huit le nombre de victimes sur le toit du monde depuis le début de la saison, qui touche maintenant à sa fin.
Une saison meurtrière sur l’Everest
Si le bilan est moins lourd que l’an dernier où 18 personnes avaient perdu la vie, cette nouvelle tragédie renforce encore l’image d’une montagne mangeuse d’hommes, où les drames se succèdent inexorablement chaque année. Parmi les autres victimes cette saison, on dénombre deux alpinistes mongols disparus après avoir atteint le sommet et retrouvés morts, ainsi qu’un Kényan et un Népalais.
Des centaines de grimpeurs malgré les dangers
Malgré ces accidents à répétition, l’Everest continue d’attirer chaque printemps des centaines d’alpinistes venus du monde entier, prêts à braver tous les dangers de la très haute altitude pour fouler ne serait-ce qu’une fois le point culminant de la planète, à 8849 mètres d’altitude. Cette année, plus de 600 personnes ont atteint le sommet, bien aidés il est vrai par une météo clémente, avec des températures plus douces et des vents moins violents qu’à l’accoutumée.
Tous les décès enregistrés se produisent à plus de 8000 mètres d’altitude, dans la tristement célèbre “zone de la mort”, où la raréfaction de l’oxygène augmente considérablement les risques de mal des montagnes et d’hypoxémie.
Rakesh Gurung, responsable au département du Tourisme népalais
Les sherpas, premiers de cordée… et premiers touchés
Chaque saison, ce sont eux qui ouvrent la voie vers les cimes enneigées de l’Everest. Ultra expérimentés, les sherpas népalais sont toujours les premiers à atteindre le sommet pour installer les cordes fixes qui guideront les expéditions. Un travail éprouvant et dangereux, qui en fait malheureusement les premières victimes du toit du monde. Ils représentent en moyenne un tiers des morts sur l’Everest chaque année.
Jusqu’où ira l’hécatombe ?
Avec ce nouveau drame, le funeste record de morts sur l’Everest cette saison n’est plus très loin. En 1996, année noire s’il en est, 15 personnes y avaient laissé la vie, donnant lieu au témoignage glaçant de Jon Krakauer dans son livre “Tragédie à l’Everest”. Plus de 25 ans après, et malgré les progrès de l’équipement et de la météo, l’Everest continue de tuer. Comme une malédiction qui pèserait sur ses pentes immaculées. Jusqu’où ira cette sinistre série ? Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier sur l’autel de l’exploit et de la gloire éphémère ? Des questions qui résonnent à chaque nouveau drame sur le toit du monde…