Un vent glacial souffle sur la politique climatique des États-Unis. L’élection mercredi de Donald Trump, climatosceptique revendiqué et ardent défenseur des énergies fossiles, promet un revirement brutal dans l’approche environnementale du pays, deuxième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre. Un scénario aux antipodes de la transition énergétique amorcée par son prédécesseur Joe Biden.
Durant sa campagne, le bouillonnant républicain n’a pas mâché ses mots, promettant de « forer à tout va » et remettant ouvertement en doute la réalité même du changement climatique. Une posture qui laisse présager un désengagement immédiat des États-Unis sur la scène diplomatique climatique. D’après une source proche du dossier, la voix des négociateurs américains à la COP29, qui ouvre ses portes le 11 novembre, s’en trouvera considérablement affaiblie.
Un retrait de l’Accord de Paris sur le climat semble inéluctable. Négocié lors de la COP21, ce pacte historique avait déjà été répudié par Donald Trump lors de son premier mandat, avant d’être réintégré par Joe Biden. Un coup de canif qui prend tout son sens au regard des engagements climatiques des États-Unis : réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, par rapport à 2005. Un objectif ambitieux, atteint à 18% en 2023 selon le centre de recherche Rhodium Group, mais qui s’éloigne désormais à grands pas.
Quelles Conséquences pour le Climat ?
Pour les experts, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche rendra cet objectif de réduction inatteignable. Une victoire démocrate, incarnée par Kamala Harris, aurait tracé une tout autre trajectoire. Le média spécialisé Carbon Brief a modélisé les scénarios en mars dernier :
Une victoire de Donald Trump pourrait entraîner l’émission supplémentaire, d’ici à 2030, de 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par rapport à un succès démocrate – soit les émissions annuelles combinées de l’Europe et du Japon.
– Analyse Carbon Brief
En jeu, les investissements massifs prévus par l’Inflation Reduction Act (IRA) porté par Kamala Harris en 2022. Cette loi ambitieuse, qui prévoit des financements pour les énergies renouvelables et des crédits d’impôt pour l’achat de véhicules électriques, est dans le viseur de Donald Trump. Ce dernier a d’ores et déjà promis « d’annuler tous les fonds non dépensés » de l’IRA, malgré l’opposition de certains élus républicains dont les circonscriptions bénéficient de ces investissements.
La Fin du Moratoire sur le GNL
Autre promesse controversée du nouveau locataire de la Maison Blanche : mettre fin au moratoire de Joe Biden sur les nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL). Une décision qui ouvrirait grand la porte à de nouveaux projets d’infrastructures gazières, au mépris des impératifs de transition énergétique.
Dans le même esprit, Donald Trump entend revenir sur « l’obligation d’achat de véhicules électriques » – en référence aux nouvelles réglementations sur les émissions des voitures qui visent à accélérer le passage à l’électrique. Bien que n’imposant pas formellement cette transition, ces normes pourraient être renversées par l’agence de protection de l’environnement (EPA), sans même passer par le Congrès.
Le Futur du Charbon en Question
D’autres réglementations récentes de l’EPA, notamment les limites d’émissions de CO2 des centrales à charbon, pourraient subir le même sort. Toutefois, ces procédures prendront du temps – au moins plusieurs mois – et seront vraisemblablement contestées devant les tribunaux.
Malgré ces signaux alarmants, l’avenir de la planète a été le grand absent de cette campagne présidentielle. Et ce, même alors que le pays a été frappé par des ouragans dévastateurs, dont la puissance a été exacerbée par le réchauffement climatique selon de nombreuses études.
Si Donald Trump s’est autoproclamé « écologiste » et a répété souhaiter « une eau et un air propres », il a dans le même temps réaffirmé que le problème du changement climatique n’existait pas. « Il ne s’agit pas d’un réchauffement climatique, car à certains moments, la température commence à baisser un peu, comme aujourd’hui », a-t-il déclaré dans les derniers jours de campagne.
Un déni qui fait froid dans le dos, au moment où la communauté internationale s’apprête à se réunir pour la COP29. L’ombre de Donald Trump plane sur ce rendez-vous crucial pour le climat, laissant présager de vives tensions dans les négociations à venir. L’avenir du climat américain, et par extension celui de la planète, n’a jamais semblé aussi incertain.