Le Mozambique traverse une période de troubles depuis l’élection présidentielle du 9 octobre dernier. Le parti au pouvoir depuis 1975, le Frelimo, a remporté le scrutin, mais l’opposition dénonce des fraudes massives. Cette situation tendue a poussé le pays voisin, l’Afrique du Sud, à prendre des mesures drastiques.
Fermeture d’un important poste frontière
Face à l’escalade de la violence au Mozambique, les autorités sud-africaines ont décidé de fermer temporairement le poste frontière de Lebombo, l’un des plus fréquentés entre les deux pays. Selon le commissaire de l’autorité de gestion des frontières sud-africaine (BMA), Michael Masiapato, cette décision a été prise après que des informations aient fait état de véhicules incendiés du côté mozambicain.
En raison de ces incidents de sécurité et dans l’intérêt de la sécurité publique, le port a été temporairement fermé jusqu’à nouvel ordre
a déclaré le BMA dans un communiqué.
Lebombo se trouve à environ 110 km de Maputo, la capitale mozambicaine, et à 440 km de Pretoria, celle d’Afrique du Sud. Les autorités s’efforcent de rouvrir le point de passage dès que possible et conseillent aux voyageurs d’emprunter d’autres itinéraires en attendant une stabilisation de la situation.
Des fonctionnaires mozambicains demandent refuge
Signe de la gravité de la crise, un groupe de sept fonctionnaires mozambicains a “demandé refuge” à l’Afrique du Sud “pour des raisons de sécurité et de protection”, a indiqué M. Masiapato, sans donner plus de détails. Cette situation illustre les craintes de représailles et la défiance envers les institutions du pays.
L’armée menace d’intervenir
Au Mozambique, le ministre de la Défense Cristovao Chume a brandi la menace d’un déploiement de l’armée pour mettre fin aux manifestations meurtrières qui se poursuivent depuis l’annonce des résultats. Selon lui, ces troubles visent à “renverser le gouvernement démocratiquement établi”.
Les manifestations violentes sèment la haine entre frères, détruisent les infrastructures (…) Si l’escalade de la violence se poursuit, les forces armées devront protéger les intérêts de l’État
a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Cet avertissement intervient à la veille d’une grande manifestation prévue à Maputo par le principal opposant, Venancio Mondlane, arrivé officiellement second avec 20% des voix mais qui revendique la victoire. L’opposition conteste la régularité du scrutin et dénonce des bourrages d’urnes.
Un lourd bilan humain
Selon l’ONG Human Rights Watch, la répression des manifestations par les forces de sécurité mozambicaines a fait au moins 18 morts depuis le scrutin, dont sept le week-end dernier. Un bilan qui risque encore de s’alourdir si les affrontements se poursuivent.
Cette crise post-électorale met en lumière la fragilité du processus démocratique au Mozambique et les tensions qui traversent le pays plus de 40 ans après son indépendance. La contestation des résultats par l’opposition et la menace d’une intervention militaire font craindre une escalade de la violence.
La communauté internationale, et notamment les pays voisins comme l’Afrique du Sud, suivent avec inquiétude l’évolution de la situation. Ils appellent toutes les parties à la retenue et au dialogue pour éviter que le pays ne sombre dans le chaos. Mais pour l’instant, entre menaces et postures martiales, la voie d’une sortie de crise pacifique semble encore loin.