Donald Trump a remporté l’élection présidentielle américaine, un résultat qui fait craindre le pire aux défenseurs du droit à l’avortement. Déjà mis à mal dans de nombreux États ces dernières années, l’accès à l’IVG risque de connaître un nouveau recul spectaculaire sous ce second mandat.
Une Cour suprême remaniée, fer de lance de la lutte anti-avortement
Durant son premier mandat, le milliardaire républicain s’est targué d’avoir nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême. Un remaniement de l’institution qui a permis l’annulation historique en juin 2022 de la garantie fédérale du droit à l’avortement. Ce revirement a redonné toute latitude aux États pour légiférer, entraînant la mise en place de restrictions partielles ou totales dans une vingtaine d’entre eux.
En dépit d’une opinion publique majoritairement favorable au droit à l’avortement, Donald Trump est resté prudent sur la question durant la campagne, se contentant de répéter qu’il voulait laisser les États trancher. Une position ambiguë, le candidat républicain ménageant ainsi ses soutiens dans les milieux évangéliques tout en rassurant l’électorat modéré.
Des référendums en demi-teinte
Organisés dans dix États à l’occasion de l’élection présidentielle, les référendums sur l’avortement ont donné des résultats mitigés. Si des États comme l’Arizona ou le Missouri ont approuvé l’amendement de leur constitution pour rétablir la possibilité de réaliser une IVG jusqu’à la viabilité du fœtus, la Floride l’a rejeté de peu. Preuve que la question divise, y compris dans des bastions républicains.
La pilule abortive dans le viseur
Outre la voie législative, une nouvelle administration Trump pourrait être tentée d’utiliser les leviers de l’État fédéral pour restreindre l’accès à l’avortement. La pilule abortive, utilisée dans près de deux tiers des IVG, serait la première cible selon les experts. Ces dernières années, la FDA a assoupli les conditions d’accès à la mifépristone, notamment en autorisant son envoi par voie postale après une téléconsultation.
Un retour en arrière sur ces dispositions aurait des conséquences y compris dans les États où l’avortement reste légal. Cela porterait un coup dur aux voies d’accès alternatives mises en place depuis la décision de la Cour suprême, comme l’envoi de pilules abortives aux femmes des États restrictifs par des médecins protégés dans d’autres États. Plusieurs milliers de ces pilules transitent ainsi chaque mois, selon l’organisation WeCount.
Le spectre d’une interdiction nationale de fait
Autre menace brandie par les défenseurs du droit à l’avortement: la résurrection du “Comstock Act“. Cette loi fédérale de 1873, tombée en désuétude, prohibe l’envoi par voie postale de tout objet pouvant servir à la contraception ou à l’avortement. Sa remise en vigueur aboutirait de fait à une interdiction nationale des IVG, en bloquant aussi l’acheminement du matériel pour les avortements chirurgicaux.
Enfin, de nouvelles nominations de juges fédéraux par Donald Trump pourraient remodeler plus encore l’appareil judiciaire dans un sens ultraconservateur. Une dérive déjà amorcée lors de son premier mandat, qui pèserait indirectement mais durablement sur le droit à l’avortement au gré des décisions de justice. Après des années de lent déclin, l’accès à l’IVG semble plus que jamais sur la sellette avec ce second mandat de Donald Trump. Une victoire pour les militants “pro-life”, un cauchemar pour les défenseurs des droits reproductifs.