Imaginez un instant : vous faites une promesse à un ami dans le besoin, mais vous mettez deux ans à la tenir. C’est un peu ce qui s’est passé avec l’engagement des pays riches envers les pays en développement en matière d’aide climatique. Mais aujourd’hui, la bonne nouvelle est enfin arrivée : en 2022, l’objectif des 100 milliards de dollars par an a été atteint !
Cet engagement crucial, pris en 2009 sous l’égide de la Convention des Nations unies sur la lutte contre le changement climatique, visait à soutenir les pays plus pauvres dans leur transition énergétique et leur adaptation aux conséquences déjà bien réelles du dérèglement climatique. Des fonds indispensables pour décarboner les transports, sécuriser l’approvisionnement en eau, reforester ou encore réaliser des travaux d’assainissement.
Un retard qui a cristallisé les tensions
Mais voilà, l’objectif initial était fixé pour 2020. Et les pays riches ont pris du retard, ce qui n’a pas manqué de créer des crispations lors des négociations climatiques internationales. Pour nombre de pays en développement, la réalisation de cette promesse est devenue un préalable à leurs propres efforts en matière de sortie des énergies fossiles. Ils y voient une forme de “dette morale” des pays industrialisés, principaux responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre.
115 milliards en 2022, mais sous quelle forme ?
Selon le bilan de l’OCDE, les financements climat ont atteint 115,9 milliards de dollars en 2022, soit une hausse significative de 30% par rapport à 2021. Une excellente nouvelle, même si l’organisation souligne qu’il reste un “manque à gagner” de 11,2 milliards pour compenser le retard pris en 2020 et 2021.
Mais au-delà des chiffres, la forme de ces aides soulève des questions. En effet, plus des deux tiers sont des prêts, et non des subventions. Un choix critiqué par certaines ONG, qui y voient un risque d’alourdir la dette des pays bénéficiaires.
Des besoins bien supérieurs à l’engagement
Par ailleurs, si le cap symbolique des 100 milliards est franchi, il reste très en-deçà des besoins réels évalués par les experts de l’ONU : 2400 milliards de dollars par an seraient nécessaires d’ici 2030 pour les pays en développement, hors Chine. Un gouffre qui souligne l’urgence d’une mobilisation accrue de la finance mondiale en faveur du climat.
Il est essentiel que tous les pays, en particulier les grands émetteurs, intensifient dès maintenant leurs actions contre le changement climatique.
Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies
La prochaine étape clé sera la COP29 de Dubaï en novembre, où ce sujet brûlant sera de nouveau sur la table. Les pays en développement, à l’instar de l’Inde, poussent déjà pour un relèvement significatif de l’objectif financier. Face à l’urgence climatique, il est clair que chaque dollar comptera pour construire un avenir plus soutenable et résilient pour tous.
Alors oui, saluons cette promesse enfin tenue, mais gardons en tête que le chemin est encore long. Car en matière de financement de la lutte contre le changement climatique, ce n’est pas 100 milliards qu’il faudra, mais des milliers de milliards. Un défi colossal, qui nécessitera l’engagement de tous.