À la veille d’un scrutin présidentiel crucial, les États-Unis retiennent leur souffle. Après une campagne d’une rare violence, l’affrontement entre la démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump met en lumière les profondes fractures qui minent la première puissance mondiale. De la Caroline du Nord au Wisconsin en passant par l’Arizona, des millions d’électeurs anxieux se pressent dans les isoloirs, conscients que l’avenir de leur pays se joue en ce 6 novembre 2024.
Le choc de deux Amériques irréconciliables
Donald Trump ou Kamala Harris ? Plus que jamais, cette élection oppose deux visions de l’Amérique qui semblent inconciliables. D’un côté, les partisans d’un retour à une grandeur fantasmée, séduits par la rhétorique incendiaire de l’ex-président populiste. De l’autre, ceux qui voient en Kamala Harris la garante des institutions et des valeurs progressistes héritées de l’ère Obama.
Dans les États-clés qui feront basculer l’élection, les électeurs interrogés par l’AFP ne cachent pas leur angoisse. Pour Sam Ruark, militant écologiste en Caroline du Nord, “cette élection est fondamentale pour l’avenir de notre démocratie vieille de 250 ans”. À New-York, Brockett Within, 65 ans, a longuement “réfléchi à l’avenir de cette nation et du monde libre” avant de voter Harris, car “Trump est un rétrograde qui nous ramène à un pays sorti de son imagination”.
Les grands enjeux : démocratie, économie, immigration
Pour les démocrates, l’urgence est de défendre les institutions, les droits des minorités et ceux des femmes, mis à mal sous la présidence Trump. Mais pour les républicains, la priorité est ailleurs : juguler une inflation galopante et une insécurité migratoire présentée comme hors de contrôle. Comme le résume Darlene Taylor en Pennsylvanie, beaucoup ne veulent pas “quatre années de plus avec des prix élevés, du chômage et des mensonges”.
L’ombre de la question migratoire plane sur le scrutin. Pour les électeurs trumpistes comme Marcy Davis, il faut à tout prix “fermer la frontière” aux “millions de clandestins” décrits par leur champion comme des “criminels”. Une rhétorique qui fait bondir les soutiens de Harris comme Ken Thompson : “Certes les emplois industriels ont disparu, mais Trump n’a en rien aidé quand il était au pouvoir”.
Un pays à la croisée des chemins
Au-delà des enjeux de politique intérieure, c’est la place de l’Amérique dans le monde qui est en jeu. Là où Kamala Harris promet de renouer les liens avec les alliés traditionnels de Washington, Donald Trump assume une ligne isolationniste et va jusqu’à qualifier certains partenaires historiques “d’ennemis”. Une posture qui inquiète une partie de l’électorat, consciente que le prochain locataire de la Maison Blanche devra gérer des dossiers brûlants, de l’Ukraine à l’Iran en passant par la rivalité avec la Chine.
Reste une inconnue : celle de la participation. Après une campagne d’une violence inouïe marquée par des tentatives d’assassinat contre Donald Trump, de nombreux électeurs pourraient être tentés par l’abstention. Pourtant, comme le souligne la jeune Ludwidg Louizaire en Géorgie, “l’Histoire est en marche”. Et chaque voix comptera pour dessiner le visage de l’Amérique de demain.
Dans un pays à la croisée des chemins, fracturé par des divergences qui semblent insurmontables, les Américains sont plus que jamais face à un choix existentiel. Quel que soit le vainqueur, il devra œuvrer à réconcilier deux Amériques qui ne se comprennent plus et panser les plaies d’une nation meurtrie. Un défi immense pour la première puissance mondiale, sous le regard inquiet du reste de la planète.