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Serbie : La Tragédie de Novi Sad Déclenche une Vague de Protestations

Novi Sad pleure les 14 victimes de l'effondrement d'un auvent. Des milliers de manifestants en colère accusent le gouvernement de négligence criminelle et exigent des comptes. La tension monte dans les rues de la deuxième plus grande ville de Serbie...

Un drame qui secoue tout un pays. Vendredi dernier, l’effondrement d’un auvent en béton à la gare de Novi Sad, deuxième ville de Serbie, a fait 14 morts dont deux fillettes, et trois blessés graves. Une tragédie nationale qui a plongé la population dans le deuil et la colère. Car pour beaucoup, les responsables sont tout désignés : les autorités, accusées de négligence criminelle dans la surveillance des chantiers d’infrastructure.

Des milliers de Serbes dans la rue pour réclamer justice

Mardi soir, ils étaient des milliers à manifester dans les rues de Novi Sad, la peinture rouge sur les murs de la mairie symbolisant le sang des victimes. “Combien d’enfants devons-nous perdre encore pour que ce soit la fin ?” s’insurge Maja Gledic, une protestataire. Sur les pancartes, on peut lire “Vous êtes coupables !”, “Prison pour les criminels !”. Le message est clair : le peuple exige des comptes.

Pour Vladimir Gvozdenovic, économiste de 60 ans, il ne fait aucun doute que “ces 14 morts et 3 blessés sont avant tout victimes du régime et de sa façon criminelle de diriger l’État depuis 12 ans, conduisant à la mort de gens comme dans les années 1990”. En cause notamment : les soupçons de corruption et les négligences dans le contrôle des projets de construction publics qui fleurissent dans le pays.

Le ministre de la Construction poussé à la démission

Face à la pression populaire, le ministre de la Construction Goran Vesic a fini par démissionner mardi matin. Mais cela n’a pas suffi à calmer les manifestants, qui réclament d’autres têtes. En fin de soirée, des incidents ont éclaté devant la mairie, des vitres ont été brisées et des cocktails Molotov lancés. La police a répliqué avec des gaz lacrymogènes, dans une ambiance de plus en plus tendue.

Le président serbe Aleksandar Vucic a promis que tous les responsables de violences seraient punis. Mais il a aussi appelé au calme et au respect pour les victimes de cette “terrible tragédie”. Une enquête a été ouverte et 48 personnes déjà entendues. Suffisant pour apaiser la colère ? Rien n’est moins sûr. “Nous, le peuple, sommes insatisfaits depuis longtemps”, résume un manifestant. “Nous ne vivons pas bien. Et maintenant nous ne nous sentons même plus en sécurité”.

Une tragédie qui ravive les plaies du passé

Au-delà de ce drame, c’est toute une nation encore marquée par les années de guerre et de régime autoritaire qui semble revivre ses traumatismes. Beaucoup font le parallèle avec la “façon criminelle de diriger l’État” des années 1990 sous Slobodan Milosevic. Un passé que la Serbie peine à surmonter, et que chaque nouveau scandale ou tragédie vient raviver.

Les manifestations massives qui secouent Novi Sad depuis plusieurs jours sont le signe d’une défiance profonde envers les institutions et les élites politiques. Un ras-le-bol qui couvait depuis longtemps et que la mort de 14 innocents, dont des enfants, a fait exploser au grand jour. Reste à savoir si le pouvoir saura entendre ce cri de colère et engager les réformes nécessaires pour restaurer la confiance. L’avenir de la Serbie en dépend.

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