Alors que les Américains s’apprêtent à élire leur nouveau président, un enjeu domine tous les autres dans l’État-clé du Nevada : le coût de la vie. Inflation galopante, flambée des prix de l’essence et du logement… Les électeurs de cet État de l’ouest, qui pourrait faire basculer le scrutin, n’ont qu’une préoccupation en tête au moment de glisser leur bulletin dans l’urne.
Une économie durement touchée par la crise
Déjà fragilisé par la pandémie de Covid-19 qui a mis à l’arrêt ses secteurs phares comme le tourisme et l’événementiel, le Nevada affronte désormais une poussée inflationniste d’une ampleur inédite. D’après une source proche, depuis le début de l’année, le coût de la vie y aurait bondi de près de 9%, soit l’une des pires performances du pays.
Une situation intenable pour de nombreux habitants, à l’image de Lee Lovett, employé d’une boutique de matériel audiovisuel à Las Vegas : “Ici, depuis le Covid, le coût de la vie est hors de contrôle”, confie-t-il. Une équation d’autant plus douloureuse dans une ville ultradépendante des revenus du jeu et des congrès, où les loyers connaissent une véritable envolée.
La pression monte sur les candidats
Face à ce constat alarmant, tous les regards se tournent vers les deux candidats en lice pour la Maison Blanche. D’après ses partisans, Donald Trump serait le plus à même de rétablir la prospérité économique qu’a connue le pays sous son premier mandat. “J’ai vécu les quatre années pendant lesquelles il était au pouvoir et tout était bon marché”, assure ainsi Michael Pidding, ancien combattant de 79 ans.
Mais du côté démocrate, on mise plutôt sur les promesses de Kamala Harris en faveur des classes moyennes, comme des aides à l’accession à la propriété ou à l’allègement des prêts étudiants. Des arguments qui séduisent la jeune Amy Rivera, 18 ans, déterminée à lui donner sa voix pour sa première participation à une élection présidentielle.
Un duel serré qui se jouera sur l’économie
Avec des sondages qui donnent les deux candidats au coude-à-coude, nul doute que la bataille du Nevada se jouera avant tout sur le terrain économique. Selon une récente étude, 37% des électeurs potentiels y placeraient l’économie en tête de leurs préoccupations, loin devant les autres sujets de campagne.
Un constat qui pousse les états-majors à redoubler d’inventivité pour séduire cet électorat avide de solutions concrètes. Parmi les propositions phares : la suppression des taxes sur les pourboires, une mesure très populaire dans un État où l’industrie des services pèse lourd. Reste à savoir lequel des deux rivaux saura se montrer le plus convaincant dans ce domaine.
Le plus important, c’est que chaque candidat tienne ses promesses.
Gina Sanders, employée de casino et électrice de Kamala Harris
Le Nevada, un État qui pourrait faire la différence
Si les démocrates ont remporté le Nevada lors des quatre derniers scrutins présidentiels, leur avance n’a cessé de se réduire au fil des années. En 2020, Joe Biden ne l’avait ainsi emporté que d’une courte tête, avec à peine 33 500 voix d’écart sur son rival républicain.
Un écart suffisamment ténu pour que cet État du sud-ouest et ses 6 grands électeurs soient plus que jamais considérés comme l’un des “swing states” susceptibles de faire basculer le résultat final. Une donnée dont les deux camps ont parfaitement conscience, comme en témoigne la multiplication des meetings et des visites de campagne ces dernières semaines.
Dans un contexte national de hausse généralisée des prix, le Nevada et ses électeurs durement touchés par la vie chère pourraient donc bien faire figure d’arbitres de cette élection. À condition que les candidats parviennent à les convaincre qu’ils ont les solutions pour redonner du pouvoir d’achat aux classes moyennes, dont dépend plus que jamais l’issue du scrutin.