Un tribunal de Lille a rendu son verdict mardi dans une affaire de vaste réseau de passeurs opérant dans la Manche. 18 membres du réseau, principalement de nationalité irako-kurde, ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison et des amendes pouvant atteindre 200 000 euros.
Selon l’enquête, ce réseau avait la mainmise sur une grande partie des traversées clandestines de migrants vers l’Angleterre à partir du nord de la France entre 2020 et 2022. Les prévenus ont été reconnus coupables d’aide au séjour irrégulier et mis en cause pour leur rôle dans ce trafic d’êtres humains.
Un chef de réseau condamné à 15 ans de prison
Mirkhan Rasoul, un Irakien de 26 ans soupçonné d’être le cerveau de ce réseau, a écopé de la peine la plus lourde. Déjà condamné à deux reprises pour des faits similaires, il a été condamné à 15 ans de prison avec une période de sûreté des deux tiers. Il s’est également vu infliger une interdiction définitive du territoire français et une amende de 200 000 euros.
Les 17 autres prévenus ont été condamnés à des peines allant d’un à douze ans d’emprisonnement, assorties d’amendes pouvant atteindre 150 000 euros et d’une interdiction définitive du territoire français. Neuf d’entre eux, jugés par défaut, font l’objet de mandats d’arrêt.
Des saisies révélatrices de l’ampleur du trafic
Lors des perquisitions menées dans plusieurs pays européens, les enquêteurs ont saisi des quantités impressionnantes de matériel utilisé pour les traversées :
- 1 200 gilets de sauvetage
- Près de 150 canots pneumatiques
- 50 moteurs de bateaux
Le tribunal a également ordonné la confiscation de plusieurs milliers d’euros en liquide, d’un véhicule et de divers documents d’identité étrangers. Ces éléments témoignent de l’envergure des moyens mis en œuvre par les filières d’immigration clandestine.
Un phénomène en constante augmentation
Depuis 2018, les traversées clandestines de la Manche sur de petites embarcations ne cessent de s’intensifier. Les passeurs n’hésitent pas à surcharger les canots, mettant en péril la vie des migrants.
Les prévenus ne sont pas des bénévoles aidant leur prochain mais des marchands de mort.
Selon la procureure lors de ses réquisitions
L’année 2024 est d’ores et déjà la plus meurtrière depuis le début du phénomène. Au moins 60 personnes ont perdu la vie en tentant la traversée, dans des naufrages et bousculades mortelles.
Un démantèlement d’envergure mais une lutte difficile
Si ce procès marque un coup dur porté aux filières de passeurs, la lutte contre l’immigration clandestine reste un défi de tous les instants pour les autorités. D’autres membres du réseau ont déjà été condamnés en janvier dernier et certains doivent encore être jugés en Belgique l’an prochain.
Face à des réseaux criminels organisés et sans scrupules, la coopération judiciaire européenne apparaît plus que jamais indispensable. Ce n’est qu’en unissant leurs efforts que les États pourront espérer endiguer ce fléau et éviter de nouveaux drames humains en Manche et ailleurs.