En dépit des récentes violations du cessez-le-feu dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda se sont rencontrés mardi à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, pour réaffirmer la nécessité de maintenir le dialogue et de respecter la trêve. Cette rencontre intervient dans un contexte tendu, marqué par la résurgence depuis fin 2021 de la rébellion du M23, soutenue selon Kinshasa par le Rwanda, qui a pris le contrôle de vastes territoires dans l’est de la RDC.
Une rencontre cruciale pour la stabilité régionale
Mardi, les représentants de la RDC, du Rwanda et de l’Angola, médiateur désigné par l’Union africaine, se sont retrouvés à Goma, à quelques pas de la frontière rwando-congolaise. L’objectif officiel était de désigner un comité de suivi des violations du cessez-le-feu signé le 4 août dernier. Malgré une stabilisation initiale de la ligne de front, ce cessez-le-feu a été mis à mal par une nouvelle offensive des rebelles du M23 en octobre dans la province du Nord-Kivu.
Réaffirmation de l’engagement au dialogue
Lors de la rencontre, Tete Antonio, ministre angolais des Affaires étrangères, a souligné que toutes les parties avaient insisté sur “la nécessité du respect du cessez-le-feu”. De son côté, Thérèse Kayikwamba Wagner, son homologue congolaise, a relevé une “certaine contradiction” entre le discours public du Rwanda et les actions sur le terrain, notamment la prise de certaines localités par le M23. Elle a néanmoins affirmé que le cessez-le-feu était “largement suivi”.
Nous sommes toujours engagés dans le processus de paix.
– Olivier Nduhungirehe, ministre des Affaires étrangères rwandais
Une rébellion soutenue par le Rwanda
La résurgence du M23 fin 2021 a ravivé les tensions entre la RDC et le Rwanda. Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion, ce que le Rwanda dément. Depuis le 20 octobre, le M23 a lancé une nouvelle offensive, s’emparant de plusieurs localités dans le Nord-Kivu au prix d’affrontements parfois violents avec l’armée congolaise et des milices affiliées à Kinshasa. Dimanche, les rebelles ont même pris momentanément le contrôle d’une ville située sur les rives du lac Édouard, à la frontière entre la RDC et l’Ouganda.
Un cessez-le-feu fragilisé mais crucial
Malgré ces violations, le cessez-le-feu du 4 août reste un élément clé du processus de paix dans l’est de la RDC. Obtenu grâce à la médiation de l’Angola, il est considéré comme un premier pas vers une résolution durable du conflit. Sa fragilisation par l’offensive du M23 en octobre a été qualifiée de “violation flagrante” par Luanda.
La rencontre de mardi à Goma montre que malgré les tensions et les défis sur le terrain, Kinshasa et Kigali souhaitent maintenir le dialogue et réaffirmer leur attachement au cessez-le-feu. La mise en place d’un comité de suivi des violations, dirigé par l’Angola, pourrait contribuer à renforcer son respect et à créer un climat plus propice aux négociations de paix.
Enjeux pour la stabilité et la sécurité régionales
Au-delà des relations bilatérales entre la RDC et le Rwanda, la situation dans l’est de la RDC a des répercussions sur l’ensemble de la région des Grands Lacs. Les violences et l’instabilité ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes et perturbé les activités économiques. Elles menacent également de déborder sur les pays voisins, comme l’Ouganda.
Dans ce contexte, la communauté internationale et les organisations régionales, comme l’Union africaine et la Communauté d’Afrique de l’Est, ont un rôle crucial à jouer pour soutenir les efforts de paix et encourager le dialogue entre Kinshasa et Kigali. La rencontre de Goma est un signal positif, mais il faudra une volonté politique forte et des actions concrètes sur le terrain pour transformer le cessez-le-feu en une paix durable dans l’est de la RDC.
Conclusion
La rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda à Goma montre que malgré les violations du cessez-le-feu et les tensions, le dialogue reste une priorité pour les deux pays. Le chemin vers une paix durable dans l’est de la RDC est encore long et semé d’embûches, mais le maintien de la communication et l’engagement des acteurs régionaux et internationaux sont des éléments clés pour y parvenir. La stabilité et la sécurité de toute la région des Grands Lacs en dépendent.