Une opération d’envergure vient d’être déjouée en Lituanie. Les autorités ont procédé à l’arrestation de plusieurs individus soupçonnés d’avoir expédié des colis incendiaires vers d’autres pays occidentaux, une manœuvre attribuée à la Russie selon les premiers éléments de l’enquête. Cette affaire soulève de nombreuses questions sur les tentatives de déstabilisation orchestrées par Moscou.
Des envois suspects depuis la Lituanie
D’après une source proche du dossier, les colis incendiaires auraient été envoyés par avion depuis le territoire lituanien en direction de plusieurs pays d’Europe de l’Ouest. Certains auraient été découverts dans les entrepôts de la société de logistique DHL en Allemagne et au Royaume-Uni, où ils ont pris feu. En Pologne, l’un des colis aurait même incendié un camion de l’entreprise.
Si le nombre exact de suspects interpellés n’a pas été communiqué, la procureure générale de Lituanie, Nida Grunskiene, a confirmé que des arrestations avaient eu lieu non seulement en Lituanie mais aussi dans d’autres pays, sans plus de précisions en raison de l’enquête criminelle en cours, qualifiée “d’assez intensive”.
La piste des services de renseignement russes
Selon les autorités lituaniennes, cette opération porterait la marque des services de renseignement militaires russes. Kestutis Budrys, conseiller du président lituanien pour les questions de sécurité nationale, a déclaré sans détour : “Nous devons neutraliser et démanteler la source, et nous savons qui est à la source de ces opérations. Il s’agit des services de renseignement militaire russes”.
Une accusation grave, qui témoigne des tensions entre la Russie et les pays baltes, farouchement opposés à l’offensive russe en Ukraine. La Lituanie et la Pologne, toutes deux membres de l’OTAN et partageant une frontière avec la Russie, redoutent depuis longtemps des actes de sabotage fomentés par Moscou sur le sol de l’Union Européenne.
Un canal de transfert testé pour atteindre l’Amérique du Nord
Les motivations derrière ces envois incendiaires restent à éclaircir, mais de premiers éléments inquiétants ont été révélés par le parquet polonais. Fin octobre, quatre personnes avaient déjà été arrêtées en Pologne en lien avec cette affaire. Selon le parquet, l’objectif du groupe criminel était de tester un canal de transfert pour ce type de colis piégés, destinés à terme aux États-Unis et au Canada.
Une hypothèse qui fait froid dans le dos et soulève la question d’une potentielle escalade dans les manœuvres de déstabilisation russes. Si les colis incendiaires envoyés en Europe pouvaient passer pour des “tests”, la perspective d’expéditions similaires outre-Atlantique laisse présager des desseins plus sombres.
“Nous ne pouvons pas laisser cela sans réponse, car cela ne ferait que dégénérer en de nouveaux types d’opérations”
– Kestutis Budrys, conseiller présidentiel lituanien
Une enquête internationale pour faire toute la lumière
Face à l’ampleur de l’affaire et ses ramifications potentielles, une enquête d’envergure internationale a été ouverte. Outre la Lituanie et la Pologne, d’autres pays européens seraient impliqués dans les investigations, collaborant étroitement pour remonter l’ensemble de la chaîne et identifier tous les suspects.
En parallèle, les services de renseignement occidentaux seraient también sur les dents, cherchant à déterminer si d’autres opérations similaires seraient en préparation, que ce soit en Europe ou sur le sol américain. La vigilance est plus que jamais de mise face à cette nouvelle forme de menace.
Cette affaire des colis incendiaires marque sans doute un nouveau palier dans l’affrontement larvé entre la Russie et l’Occident. Si l’implication directe de Moscou venait à être confirmée, nul doute que cela entraînerait une réponse ferme des pays visés et un regain de tension dans une période déjà bien agitée sur le plan géopolitique. Les prochaines semaines seront décisives pour y voir plus clair et démanteler un potentiel réseau qui n’en est peut-être qu’à ses premiers coups d’essai.