Une lueur d’espoir brille pour plus d’une centaine de patients de la bande de Gaza. Selon le docteur Rik Peeperkorn, responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les Territoires palestiniens, 113 malades et blessés devraient pouvoir être évacués ce mercredi. Une opération d’envergure, fruit d’un partenariat, qui permettra à ces patients en souffrance d’accéder enfin aux soins dont ils ont cruellement besoin.
Les patients concernés seront rassemblés dès ce soir à l’hôpital européen de Gaza, accompagnés pour certains de leurs proches. Ils franchiront demain le point de passage israélien de Kerem Shalom, sésame vers une prise en charge médicale à l’étranger. Si la majorité s’envolera vers les Émirats arabes unis, quelques-uns rejoindront la Roumanie. Un espoir de guérison, ou du moins de soulagement, pour ces hommes, ces femmes et ces enfants meurtris par des mois de conflit.
Mais cette opération, aussi cruciale soit-elle, ne représente qu’une goutte d’eau dans un océan de détresse. Car selon les estimations de l’OMS, ce sont entre 12 000 et 14 000 patients qui auraient besoin d’être évacués de la bande de Gaza. La moitié d’entre eux souffrent de blessures, l’autre moitié de maladies. Un défi sanitaire colossal pour ce petit territoire meurtri, dont les infrastructures de santé ont été durement éprouvées par les combats.
Un appel à rouvrir les « couloirs médicaux »
Face à l’ampleur des besoins, l’opération de mercredi apparaît bien trop ponctuelle aux yeux de l’OMS. « Il s’agit de mesures ad hoc, alors que ce que nous demandons depuis longtemps, c’est de pouvoir procéder à des évacuations médicales de façon durable et mieux organisée », souligne le docteur Peeperkorn. Son organisation plaide pour la réouverture de véritables « couloirs médicaux » permettant de transférer les patients vers les structures adaptées.
En premier lieu, l’OMS demande le rétablissement du couloir reliant Gaza à Jérusalem-Est et à la Cisjordanie. Mais elle espère aussi une réouverture des couloirs vers l’Égypte, voire la Jordanie. Avant la fermeture du point de passage de Rafah par les Israéliens le 6 mai 2024, près de 4 700 patients avaient pu être évacués de Gaza avec l’aide de l’OMS. Depuis, seuls 282 transferts ont pu être organisés, essentiellement vers les Émirats arabes unis. Une situation intenable au regard des immenses besoins.
Des mois de guerre, des milliers de victimes civiles
Il faut dire que la bande de Gaza sort à peine de mois d’un conflit dévastateur. La guerre a éclaté le 7 octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël. Selon un décompte de l’AFP basé sur les données officielles israéliennes, 1 206 personnes ont alors perdu la vie, majoritairement des civils, incluant les otages tués ou morts en captivité.
En représailles, Israël a mené une offensive meurtrière dans la bande de Gaza. Selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU, 43 391 Gazaouis ont été tués, là encore majoritairement des civils. Un bilan effroyable, auquel s’ajoutent des milliers de blessés et de malades, piégés dans un territoire ravagé, privés de soins adéquats.
Dans ce contexte, chaque évacuation médicale apparaît comme une victoire pour la vie. Les 113 patients qui franchiront demain le point de passage de Kerem Shalom incarnent cet espoir fragile. Mais pour les milliers d’autres qui restent, prisonnier de leur souffrance, le combat est loin d’être gagné. Plus que jamais, la bande de Gaza a besoin que la communauté internationale se mobilise pour rouvrir ces couloirs de vie que sont les « couloirs médicaux ». Il en va de la survie de tout un peuple meurtri.