Imaginez que chaque respiration vous brûle la gorge et les poumons. C’est le quotidien éprouvant des habitants de New Delhi, la capitale indienne régulièrement étouffée sous un épais nuage de pollution. Un fléau sanitaire qui empire chaque hiver, plongeant la mégapole de 30 millions d’âmes dans une purée de pois toxique. Les autorités peinent à enrayer cette crise majeure malgré quelques mesures insuffisantes. Zoom sur une ville au bord de l’asphyxie.
New Delhi, mégapole la plus polluée au monde
Tristement célèbre, New Delhi trône en tête du classement peu enviable des villes les plus polluées de la planète. Chaque année, la capitale indienne se noie sous un brouillard nauséabond, cocktail malsain des fumées d’industries, des gaz d’échappement et des feux agricoles. L’hiver, les températures plus froides et les vents faibles emprisonnent ce nuage au-dessus de la ville tel un couvercle. Les particules fines PM2.5, les plus nocives car elles s’infiltrent dans le sang, atteignent des niveaux records :
- Jusqu’à 30 fois le seuil maximal fixé par l’OMS
- 278 microgrammes/m3 en moyenne, 18 fois la limite acceptable
Le lourd tribut sanitaire de la pollution
Ce brouillard toxique n’est pas sans conséquence sur la santé. Il s’immisce dans les poumons des Delhiites à chaque inspiration, déclenchant son lot d’affections respiratoires. Les hôpitaux sont submergés de patients toussant et suffoquant. Le Dr Amit Suri témoigne d’une hausse de 20 à 25% des consultations après la fête de Diwali, célébration hindoue des lumières où pétarades et feux d’artifice empirent encore la pollution.
Je n’arrive pas à me débarrasser de ma toux. Ma poitrine me fait mal à chaque fois que je tousse.
Balram Kumar, ouvrier de 24 ans
Au-delà des symptômes immédiats, la pollution de l’air a des effets dévastateurs à long terme. Selon des études, elle serait responsable de :
- 1,67 million de morts en Inde en 2019 (étude du Lancet)
- 7% de la mortalité dans les 10 plus grandes villes indiennes
- 11,5% des décès à New Delhi, soit 12 000 morts par an
Mesures gouvernementales insuffisantes
Face à l’ampleur de la crise, les autorités indiennes tentent de réagir. Des programmes sont lancés comme des campagnes incitant les conducteurs à couper leur moteur aux feux rouges. La Cour suprême a même ajouté l’air pur à la liste des droits humains fondamentaux, ordonnant au gouvernement d’agir. Mais ces initiatives restent insuffisantes et peinent à être appliquées, à l’image de l’interdiction des pétards qui n’a guère été respectée.
Une population démunie face au “tueur invisible”
Les Delhiites les plus modestes sont les premières victimes de ce fléau, n’ayant pas les moyens de s’en protéger. Nombreux sont ceux qui doivent continuer à travailler dehors malgré les risques.
Les médecins m’ont demandé de ne pas sortir et de ne pas respirer l’air pollué mais comment je vais faire pour vivre si je ne sors pas?
Kanshi Ram, 65 ans, ouvrier
La pollution, surnommée “tueur invisible”, reste un défi sanitaire, environnemental et social majeur pour New Delhi. À l’heure où la prise de conscience mondiale sur l’urgence climatique s’accélère, la mégapole indienne se doit de trouver des solutions durables pour offrir un air respirable à ses habitants et sortir la tête du brouillard.