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42 ans au pouvoir : Les partisans de Paul Biya célèbrent

Cameroun : 42 ans de Paul Biya au pouvoir célébrés en grande pompe par ses partisans. Malgré les rumeurs sur sa santé, ils appellent à sa candidature en 2025. Retour sur un règne qui divise...

En ce mois de novembre 2024, le Cameroun célèbre un anniversaire particulier : les 42 ans de pouvoir du président Paul Biya. À 91 ans, il est le chef d’État le plus âgé au monde et l’un des plus anciens au pouvoir. Alors que les rumeurs sur son état de santé se multiplient après une longue absence à l’étranger, ses partisans se mobilisent pour fêter cet anniversaire en grande pompe.

Une célébration orchestrée par le parti présidentiel

C’est le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti de Paul Biya, qui est aux manettes de cette célébration. Au programme : réunions publiques, émissions spéciales à la radio-télévision d’État, concerts de louanges… Tout est mis en œuvre pour rendre hommage au « fantastique bilan » vanté par les dirigeants du parti.

Dans une circulaire fin octobre, le secrétaire général du RDPC Jean Nkuete a appelé les militants à se « mobiliser comme un seul homme derrière le président Paul Biya » et à « contrer les élucubrations et prédictions malveillantes » le visant. Un appel au soutien sans faille, alors même que l’état de santé du nonagénaire suscite de nombreuses interrogations.

Des appels à une nouvelle candidature malgré les doutes

Âgé de 91 ans, Paul Biya semble pourtant s’accrocher au pouvoir. Plusieurs sections du RDPC à travers le pays ont d’ores et déjà lancé des appels à sa candidature pour la présidentielle d’octobre 2025. C’est le cas dans l’Ouest, où des militants ont signé une motion demandant à « tous les Camerounais » de les rejoindre dans cette démarche.

Le peuple camerounais est ainsi le peuple du respect de l’âge et des aînés.

Extrait de la circulaire du RDPC

Même son de cloche dans le Sud, fief électoral du président, où le ministre de l’Éducation a « demandé solennellement » à Paul Biya d’être candidat en 2025. Un enthousiasme qui tranche avec l’inquiétude suscitée par la santé déclinante du chef de l’État.

Un dirigeant de plus en plus absent

Ces derniers mois, les absences répétées de Paul Biya ont alimenté toutes sortes de spéculations. Début septembre, il a disparu des radars pendant six semaines après un sommet Chine-Afrique à Pékin, déclenchant une série de rumeurs alarmantes sur son état de santé.

Face à la pression, les autorités ont dû publier un communiqué inhabituel affirmant qu’il se portait bien et travaillait depuis la Suisse, avant son retour le 21 octobre. Une longue absence loin d’être isolée pour celui qui a l’habitude d’effectuer de longs séjours hors du pays, pour des soins ou des villégiatures luxueuses.

Le “code Biya” : absence, distance et silence

Mais pour ses partisans, cette discrétion est une force. Le directeur de la chaîne de télévision publique CRTV, Charles Ndongo, a ainsi théorisé le “code Biya” dans une récente tribune :

Le “code Biya” se résume par l’absence, la distance et le silence.

Charles Ndongo, directeur de la CRTV

Des mots destinés à expliquer la longévité du chef de l’État camerounais au pouvoir. Paul Biya cultive en effet une gouvernance en retrait, déléguant la gestion des affaires à un cercle restreint. Il n’a toujours pas désigné de dauphin et le sujet de sa succession reste tabou.

Un pouvoir qui se durcit face aux critiques

Pourtant, derrière les célébrations, le pouvoir de Paul Biya a connu un net durcissement ces dernières années face à toute voix dissonante. Depuis sa très contestée réélection en 2018, la répression s’est accentuée, avec de nombreuses arrestations et condamnations d’opposants et de militants des droits humains.

Une dérive autocratique dénoncée par des ONG, mais qui ne semble pas entamer la ferveur affichée par les partisans du président à l’occasion de cet anniversaire. À 91 ans, Paul Biya semble bien décidé à s’accrocher au pouvoir, qu’il détient sans partage depuis 1982.

Alors que le pays traverse de multiples crises, de la lutte contre Boko Haram dans l’Extrême-Nord au conflit séparatiste dans les régions anglophones, l’avenir du Cameroun semble suspendu à la santé déclinante de son inamovible président. Une situation qui suscite l’inquiétude, au-delà des fastes de cette célébration en grande pompe.

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