À l’approche de l’élection présidentielle américaine, une décision de justice en Pennsylvanie fait grand bruit. La suspension d’une controversée “loterie électorale”, lancée par le milliardaire Elon Musk en soutien au candidat républicain Donald Trump, a été rejetée par un juge local ce lundi. Une victoire pour le patron de Tesla et SpaceX, mais qui ne met pas fin aux nombreuses questions entourant la légalité et l’éthique de cette opération.
Un million de dollars par jour pour un électeur
Depuis le 19 octobre, l’organisation politique “America PAC” fondée par Elon Musk promet de remettre quotidiennement un chèque d’un million de dollars à un électeur américain tiré au sort parmi les signataires d’une pétition conservatrice. Les heureux gagnants doivent cependant résider dans l’un des sept “swing states”, ces États-clés où se jouera réellement l’élection entre Donald Trump et la candidate démocrate Kamala Harris.
Une initiative qui ne manque pas d’interpeller, à quelques jours d’un scrutin présidentiel sous haute tension. Si Elon Musk affirme vouloir défendre “la liberté d’expression et le droit de porter des armes”, nombreux sont ceux qui dénoncent une tentative d’influence électorale maquillée en générosité.
Une loterie pas si aléatoire ?
Contestée en justice par le procureur de Philadelphie, la loterie d’Elon Musk soulève en effet de sérieuses interrogations. Selon les avocats du milliardaire, les gagnants ne seraient pas vraiment tirés au sort mais sélectionnés en fonction de leur aptitude à devenir des “porte-parole” de la pétition conservatrice.
Une opération de communication politique déguisée en jeu de hasard
Larry Krasner, procureur de Philadelphie
Pour Larry Krasner, à l’origine de l’action en justice, il s’agit ni plus ni moins d’une “opération de communication politique déguisée en jeu de hasard”. Son objectif : faire cesser cette “loterie illégale” afin de “protéger la population des nuisances publiques et des pratiques commerciales iniques”.
Entre liberté d’expression et achat de voix
Si la justice pennsylvanienne a pour l’heure refusé de suspendre le dispositif, le débat est loin d’être clos. Le ministère américain de la Justice a d’ores et déjà averti l’équipe d’Elon Musk qu’offrir une récompense de valeur à un citoyen pour voter ou s’inscrire sur les listes électorales était illégal.
Une mise en garde appuyée par le président sortant Joe Biden, pour qui cette initiative est “totalement déplacée”. Des critiques balayées par le camp Trump et Musk, qui invoquent la liberté d’expression et le droit de mener une campagne de communication comme ils l’entendent.
16 gagnants déjà tirés au sort
En attendant une éventuelle décision de justice sur le fond, la loterie bat son plein. Selon “America PAC”, 16 gagnants ont déjà été désignés. Les deux derniers devraient l’être ce lundi en Arizona et mardi dans le Michigan, à la veille du scrutin.
Une opération de communication aussi massive qu’inédite, et dont l’impact sur le vote est difficile à mesurer. Mais une chose est sûre : en récompensant chaque jour un électeur d’un million de dollars, Elon Musk a trouvé un moyen original de se faire entendre dans la dernière ligne droite de cette campagne présidentielle électrique. Quitte à tordre les règles du jeu démocratique ?