À la veille des élections présidentielles américaines, l’Arizona, devenu un haut lieu du complotisme électoral, se transforme en véritable forteresse. Selon une source proche du dossier, le centre électoral du comté de Maricopa, le plus peuplé de l’État, a été entouré de barrières en béton, d’une haute clôture grillagée et d’agents armés pour assurer la sécurité du scrutin. Ces mesures, qui deviennent tristement habituelles dans cet État clé, témoignent de l’ampleur de la défiance qui mine la démocratie américaine.
L’Arizona, épicentre des théories du complot électoral
Depuis la défaite de Trump en 2020 avec moins de 10 500 voix d’écart face à Biden, l’Arizona est devenu l’épicentre des théories complotistes sur de supposées fraudes électorales massives. Malgré l’absence de preuves, ces allégations, relayées par les trumpistes locaux qui ont pris le contrôle du parti républicain, ont profondément ébranlé la confiance des électeurs dans l’intégrité du processus démocratique.
D’après un responsable local, ce climat délétère avait déjà conduit à des manifestations tendues en 2020, avec des protestataires armés devant le centre de dépouillement pendant plusieurs nuits. Face à la résurgence de ces tensions à l’approche du scrutin de 2024, où Trump et Harris sont au coude-à-coude dans les sondages, les autorités n’ont d’autre choix que de se transformer en bunker pour garantir la sécurité du vote.
Surveillance renforcée et transparence maximale
Pour tenter de restaurer la confiance, le comté de Maricopa a mis en place un dispositif de surveillance inédit. Des caméras filment en permanence les bulletins, avec une retransmission en direct sur Internet. “Nous avons essayé d’être aussi transparents que possible”, souligne un élu républicain local, lui-même victime d’un déferlement de haine pour avoir résisté aux pressions de Trump en 2020. Mais cette transparence a un prix : celui d’une acceptation sans réserve des résultats par les candidats.
Entre menaces et engagement citoyen
Car derrière les caméras et les barbelés, c’est une véritable poudrière qui couve en Arizona. La semaine dernière, un sexagénaire a été arrêté pour avoir tiré sur une permanence démocrate en banlieue de Phoenix. Chez lui, un arsenal de guerre avec 120 armes, 250 000 munitions et un lance-grenade, de quoi commettre un carnage. Proche des milieux complotistes en ligne, il illustre les menaces bien réelles qui pèsent sur ce scrutin.
Malgré ce contexte explosif, des milliers de citoyens se mobilisent pour faire vivre la démocratie. Comme Jenny, qui aide à organiser les élections depuis 15 ans et sera en première ligne mardi. Pour elle, les craintes de violences montrent paradoxalement l’importance cruciale de cette élection. “Il est essentiel que nous nous présentions sans peur, pour aider les gens à voter et veiller au bon déroulement du processus”, témoigne-t-elle avec détermination.
L’Arizona, baromètre d’une démocratie fragilisée
À bien des égards, l’Arizona fait figure de baromètre des fragilités de la démocratie américaine. Cet État autrefois républicain modéré, devenu le terrain de jeu des trumpistes les plus radicaux, cristallise tous les ingrédients de la crise politique qui secoue le pays : complotisme rampant, polarisation extrême, menaces de violences. L’enjeu des prochains jours sera de faire mentir les prophéties autoréalisatrices des apprentis-sorciers qui rêvent d’un chaos post-électoral.
Ce qui est en jeu est très important et très sérieux, c’est le fondement de cette république démocratique, à savoir nos élections.
Bill Gates, responsable des élections dans le comté de Maricopa
Au final, le véritable “big lie” serait de laisser une minorité de conspirateurs saper un processus électoral qui reste, malgré ses défauts, un des plus sûrs et transparents au monde. En se mobilisant massivement et en acceptant le verdict des urnes, les citoyens de l’Arizona ont une occasion en or de réaffirmer la vitalité de leur démocratie face à ceux qui cherchent à la détruire. Un exemple à suivre pour une Amérique plus que jamais écartelée entre ses démons et ses valeurs.