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Canada : Réduction d’un tiers des émissions pétrolières d’ici 2030

Le Canada annonce un plan ambitieux pour réduire d'un tiers les émissions de son industrie pétrolière d'ici 2030. Découvrez les détails de ce système innovant de plafonnement des émissions et d'échange de crédits carbone qui pourrait changer la donne. Mais l'industrie s'inquiète des impacts économiques...

Dans une annonce fracassante, le Canada vient de dévoiler son plan pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre de son puissant secteur pétrolier et gazier. L’objectif affiché est ambitieux : abaisser ce niveau de pollution d’un tiers d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019. Un véritable coup de tonnerre dans un pays où ce secteur pèse lourd, représentant près d’un tiers des émissions nationales et un quart des exportations.

Pour y parvenir, le gouvernement mise sur un système de plafonnement et d’échange de crédits carbone qui sera progressivement mis en place sur plusieurs années. En pratique, chaque entreprise se verra attribuer des quotas d’émission qui diminueront au fil du temps. En cas de dépassement, elles pourront acheter des crédits compensatoires, dans la limite de 20% de leurs émissions totales. Un mécanisme incitatif censé les pousser à investir dans des technologies propres comme la captation du carbone.

Changement de paradigme

Avec ce plan, le Canada opère un véritable changement de paradigme. Jusqu’à présent, le pays avait toujours refusé de réguler les émissions de son industrie pétrolière, se contentant de mesures volontaires largement insuffisantes. En adoptant des cibles contraignantes, il envoie un signal fort : même les secteurs les plus polluants doivent désormais faire leur part dans la lutte contre le changement climatique.

Selon Steven Guilbeault, le ministre canadien de l’Environnement, ce plan “s’attaque à la pollution, pas à la production”. De fait, malgré ce plafonnement des émissions, la production de pétrole et de gaz devrait continuer à croître de 16% d’ici 2030. Une hausse certes plus faible qu’anticipée, mais qui montre bien que l’objectif n’est pas de sortir des énergies fossiles, seulement de les rendre un peu plus “propres”.

Inquiétudes et oppositions

Sans surprise, ces annonces ne font pas que des heureux, loin de là. Les entreprises pétrolières, qui ont vu leurs profits exploser avec la crise du Covid, craignent que ces nouvelles contraintes ne plombent leur compétitivité et n’appauvrissent les Canadiens. La province de l’Alberta, épicentre de la production pétrolière, parle même d’une mesure “nuisible pour les familles et l’économie canadienne” qui nécessitera une baisse de production d’un million de barils par jour.

Du côté des défenseurs de l’environnement en revanche, on salue “une première historique attendue de longue date”, tout en appelant à une mise en œuvre rapide. Selon eux, chaque année perdue dans la lutte contre le réchauffement climatique nous rapproche un peu plus du point de non-retour.

Montrer l’exemple

Avec ce plan ambitieux, le Canada espère montrer l’exemple et prouver qu’il est possible de concilier exploitation pétrolière et protection du climat. Un pari osé dans un contexte international où la demande d’hydrocarbures ne faiblit pas, tirée par les pays émergents. Réussir cette transition sans sacrifier son économie constituerait une véritable prouesse qui pourrait faire des émules.

Reste à voir si le Canada parviendra à tenir ses engagements. Le chemin est encore long et semé d’embûches, à commencer par l’opposition farouche de certains acteurs clés comme l’industrie pétrolière. Mais en se fixant des objectifs aussi ambitieux, le pays a franchi une étape décisive. Celle qui consiste à reconnaître que le statu quo n’est plus une option et qu’il est temps d’agir, maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.

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