Les tensions diplomatiques s’intensifient entre Israël et la Turquie sur la scène internationale. Lundi, l’ambassadeur israélien Danny Danon a vivement dénoncé devant les Nations unies ce qu’il qualifie de “malveillance” de la part d’Ankara. Au cœur de ces accusations : une initiative turque visant à imposer un embargo sur les armes contre l’État hébreu en raison du conflit qui l’oppose aux Palestiniens à Gaza.
En effet, d’après une source proche du dossier, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan aurait adressé dimanche une lettre conjointe signée par une cinquantaine de pays à l’ONU. Ce courrier réclamerait des mesures immédiates pour “arrêter la fourniture ou le transfert d’armes, de munitions et d’équipements” à destination d’Israël, soupçonné de les utiliser dans les territoires palestiniens occupés.
Un “Axe du Mal” contre Israël à l’ONU ?
Face à cette démarche turque, le représentant israélien n’a pas mâché ses mots. Il a fustigé une “nouvelle action ridicule de l’Axe du Mal contre Israël”, pointant du doigt les pays arabes signataires aux côtés notamment de la Chine, de l’Iran et de la Russie. Danny Danon a aussi critiqué une ONU “menée par des pays malfaisants et pas par des pays libéraux qui soutiennent les valeurs de justice et de morale”.
L’ambassadeur a assuré qu’Israël continuerait à “se battre pour ses intérêts face à toute attaque politique et militaire”. Mais le message turc cible particulièrement la responsabilité du Conseil de sécurité dans le respect de ses propres résolutions “violées de façon flagrante” selon le courrier cité par l’AFP. Les signataires exhortent ainsi l’instance onusienne à prendre des “mesures concrètes” pour faire appliquer ses décisions.
Le Conseil de sécurité de l’ONU divisé sur Gaza
Mais depuis la reprise des hostilités entre le Hamas et Israël en octobre 2023, le Conseil peine à parler d’une seule voix. En mars dernier, il avait appelé à un cessez-le-feu à Gaza. Cependant, les vétos à répétition des États-Unis, proches alliés d’Israël, bloquent régulièrement toute prise de position commune sur ce dossier sensible.
Sollicité sur cette lettre conjointe, le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres a botté en touche, renvoyant la balle dans le camp des États membres. “Si la lettre appelle les États membres à agir, c’est aux États membres d’agir”, a-t-il sobrement commenté lundi, avouant ne pas avoir vu le document en question.
Quel impact pour cette initiative turque ?
Reste à savoir quel poids pèsera réellement cette démarche turco-arabe sur l’échiquier géopolitique. Si la lettre a rassemblé une coalition hétéroclite allant de l’Arabie Saoudite à l’Iran en passant par la Chine et la Russie, sans oublier la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique, rien ne garantit que le Conseil de sécurité , en proie à de profondes divisions, s’en saisisse.
Mais au-delà des enceintes diplomatiques new-yorkaises, c’est bien sur le terrain, entre Israël et les Palestiniens, que se joue l’avenir du processus de paix. Et face à l’enlisement du conflit et la détérioration de la situation humanitaire à Gaza, la “malveillance” dénoncée par Israël risque de continuer à alimenter les tensions dans la région et les débats à l’ONU. Le chemin vers une résolution pacifique et durable semble encore pavé d’embûches.