Le monde universitaire anglais est en ébullition. Après 8 ans de stagnation, le gouvernement vient d’annoncer une augmentation conséquente des frais d’inscription pour les étudiants dès 2025. Un électrochoc pour les futurs diplômés qui devront débourser pas moins de 11 335 euros par an pour étudier. Mais pour les universités, c’est un véritable bol d’air frais qui devrait permettre de renflouer des caisses bien mal en point depuis plusieurs années.
Des universités au bord de la crise financière
La situation était devenue intenable pour les établissements d’enseignement supérieur anglais. Confrontées au gel des frais d’inscription depuis 2017 et à une baisse significative du nombre d’étudiants étrangers, leurs finances ont été lourdement impactées ces dernières années. Un constat alarmant dressé par Universities UK, l’organisme représentant les 141 universités du pays :
Le niveau de financement par étudiant est au plus bas depuis 2004. Les 9 250 livres payées actuellement par les étudiants ne représentent en réalité que 5 924 livres si l’on prend en compte l’inflation.
– Universities UK
Face à cette situation de plus en plus critique, les établissements réclamaient à cor et à cri une revalorisation des frais universitaires. C’est désormais chose faite avec l’annonce de la ministre de l’Education Bridget Phillipson ce lundi. Les droits d’inscription passeront ainsi de 9 250 à 9 535 livres sterling par an à partir d’avril 2025, soit une augmentation de 3,1%.
La fin du gel des frais, un “soulagement” pour les universités
Du côté des universités, c’est un véritable ouf de soulagement. Universities UK a salué cette décision, estimant qu’il s’agissait de “la bonne chose à faire” pour sortir le secteur de l’ornière. En effet, le manque à gagner lié au gel des frais et à la désaffection des étudiants étrangers commençait sérieusement à peser dans les budgets.
Il faut dire que les universités misaient beaucoup sur la manne financière générée par les étudiants venus d’autres pays, qui paient bien plus cher que les Britanniques pour étudier sur place. Mais les restrictions imposées sur les visas étudiants par le précédent gouvernement conservateur ont fait chuter le nombre de demandes. Résultat : 30 000 dossiers de moins sur les quatre premiers mois de 2024 par rapport à la même période un an plus tôt.
Des étudiants toujours plus endettés
Si cette bouffée d’oxygène est la bienvenue pour les universités, elle soulève de sérieuses inquiétudes chez les étudiants et leurs familles. Car ce sont eux qui devront mettre la main à la poche pour financer cette augmentation. Et vu le niveau déjà élevé des frais à l’heure actuelle – un peu plus de 11 000 euros par an – beaucoup redoutent de s’endetter encore davantage pour décrocher leurs diplômes.
Le syndicat étudiant University and College Union a d’ailleurs vivement réagi, qualifiant cette hausse “d’économiquement et moralement mauvaise”. Il accuse le gouvernement de “prendre davantage d’argent aux étudiants endettés” et craint que cela ne décourage encore plus les jeunes issus de milieux populaires à poursuivre des études.
Il est vrai que cette augmentation n’a pas été une décision facile à prendre.
– Bridget Phillipson, ministre de l’Education
Pour tenter de limiter la casse, le gouvernement a tout de même prévu d’augmenter les prêts étudiants en conséquence. Mais cela ne suffira sans doute pas à rassurer les principaux intéressés, déjà lourdement endettés pour financer leurs années d’études.
Des choix cornéliens pour l’avenir
Cette situation de crise risque de pousser le monde universitaire anglais dans ses retranchements. Entre la nécessité de renflouer les caisses des établissements et la crainte de voir les étudiants se détourner massivement des cursus, le gouvernement va devoir trouver un équilibre des plus délicats.
Car le risque est grand de voir se creuser encore davantage le fossé entre une élite pouvant se permettre d’investir dans des études coûteuses et des jeunes contraints d’y renoncer faute de moyens suffisants. Une équation complexe qui devrait animer les débats dans les prochains mois.
D’autant que l’inflation galopante et la hausse du coût de la vie viennent encore compliquer la donne. Dans ce contexte, difficile de prédire si cette augmentation des frais d’inscription sera suffisante sur le long terme pour sortir les universités de l’ornière financière. Une chose est sûre : l’avenir du modèle universitaire britannique s’annonce plus incertain que jamais.