Une tentative d’assassinat contre un opposant politique fait trembler le Mozambique et questionne la stabilité de la région. Venancio Mondlane, principal opposant au régime en place, affirme avoir été pris pour cible alors qu’il avait trouvé refuge en Afrique du Sud suite à des élections contestées dans son pays. Un témoignage glaçant qui soulève de nombreuses interrogations.
Un Opposant Traqué Jusqu’en Afrique du Sud
Lors d’une vidéo en direct sur les réseaux sociaux dans la nuit de dimanche à lundi, Venancio Mondlane a livré un récit saisissant. Celui qui conteste les résultats de la présidentielle mozambicaine et revendique la victoire a expliqué avoir échappé de justesse à un complot meurtrier :
“Quand j’étais en Afrique du Sud, des assassins étaient à ma porte pour me tuer. J’ai dû sauter par la porte arrière, filer vers un salon de coiffure du quartier de Sandton, courir avec mes sacs et ma famille”
a déclaré Venancio Mondlane lors de son direct.
Une version des faits que les autorités sud-africaines n’ont pour l’heure pas confirmée. Le ministère des Affaires étrangères a indiqué à l’AFP n’avoir “aucune connaissance de la présence de M. Mondlane en Afrique du Sud”, tout en appelant quiconque ayant connaissance d’un crime ou d’une tentative à le signaler à la police.
Un Scrutin Entaché d’Irrégularités
Cette tentative d’assassinat présumée intervient dans un contexte de fortes tensions au Mozambique. Les élections générales du 9 octobre ont vu la victoire du parti au pouvoir, le Frelimo, à la tête du pays depuis 49 ans. Mais ce scrutin a été entaché de nombreuses irrégularités selon des observateurs internationaux :
- Le Frelimo a été crédité de plus de 70% des voix malgré les soupçons de fraude
- La mission d’observation de l’Union européenne a relevé des “altérations injustifiées de résultats”
- Sur un tiers des dépouillements observés, les chiffres “ne concordent pas” d’après l’UE
Pour l’ONG anticorruption Public Integrity Center (CIP), il s’agit même des élections “les plus frauduleuses depuis 1999” dans ce pays pauvre d’Afrique australe, classé parmi les 10 derniers mondiaux en termes d’indice de développement humain selon l’ONU.
Un Appel à la “Libération” du Mozambique
Face à ce qu’il considère comme un hold-up électoral, Venancio Mondlane ne compte pas en rester là. Après avoir fui l’Afrique du Sud, l’opposant a réitéré son appel à une grève de sept jours, une “paralysie totale” du pays devant culminer par une marche massive dans la capitale Maputo ce jeudi, jour qu’il annonce comme celui de la “libération du Mozambique”.
Mais la contestation se heurte à une répression brutale. Depuis octobre, les violences contre les manifestants ont fait au moins 11 morts selon plusieurs ONG. Ce lundi, les activités étaient encore au ralenti dans la capitale et plusieurs rassemblements ont été dispersés par des tirs de gaz lacrymogène.
Cette tentative d’assassinat, si elle est avérée, marquerait un nouveau degré dans l’escalade des tensions. Elle souligne la fragilité de la situation dans ce pays meurtri par une longue guerre civile. Plus de 30 ans après les accords de paix, la démocratie mozambicaine semble plus que jamais menacée. L’opposition et la société civile parviendront-elles à se faire entendre face à un pouvoir qui se maintient par la force ? L’avenir du Mozambique est plus incertain que jamais.