En plein cœur d’un conflit sanglant à Gaza, Israël vient de prendre une décision lourde de conséquences pour les Palestiniens les plus vulnérables. Le pays a officiellement notifié à l’ONU l’interdiction de l’Unrwa, l’agence onusienne considérée comme la “colonne vertébrale” de l’aide aux réfugiés dans les territoires occupés. Une mesure qui intervient alors que la bande de Gaza est plongée dans un désastre humanitaire sans précédent.
L’Unrwa, une agence onusienne vitale pour les réfugiés palestiniens
Créée en 1949, l’Unrwa (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine) fournit une assistance essentielle aux réfugiés palestiniens, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie ou dans plusieurs pays arabes voisins comme le Liban et la Syrie. Éducation, santé, aide alimentaire… Son rôle est crucial pour ces populations parmi les plus démunies au monde.
Mais voilà qu’en pleine guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque d’une violence inouïe du Hamas en Israël, le gouvernement israélien a décidé de mettre un coup d’arrêt brutal aux activités de l’Unrwa. Une semaine après le vote d’une loi en ce sens par le Parlement, la diplomatie israélienne a officiellement notifié l’ONU de “l’annulation de l’accord entre Israël et l’Unrwa”, datant de 1967.
Israël accuse l’Unrwa de collusion avec le Hamas
Pour justifier cette décision, Israël, depuis longtemps très critique envers l’agence onusienne, l’accuse une nouvelle fois de collusion avec les mouvements terroristes palestiniens. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères israélien, “des employés de l’Unrwa auraient participé au massacre du 7 octobre” et “l’ONU a reçu d’innombrables preuves que des agents du Hamas sont employés par l’Unrwa et que ses installations sont utilisées à des fins terroristes”. Des accusations que l’agence a toujours fermement démenties.
Des conséquences humanitaires désastreuses redoutées
Si cette interdiction est effectivement mise en œuvre, les conséquences pourraient être catastrophiques pour la population de Gaza, déjà exsangue après plus d’un an de blocus et de bombardements israéliens quasi-quotidiens. D’après l’Unrwa, cela “risque de provoquer l’effondrement de l’opération humanitaire internationale à Gaza, dont l’agence est la colonne vertébrale”.
“Pour nous, c’est l’Unrwa ou rien”, s’alarme Chafic Ahmad Jad, habitant du camp de réfugiés de Nour Chams en Cisjordanie, où le bureau de l’agence a été gravement endommagé lors d’un raid israélien.
Israël balaie ces craintes, affirmant que l’essentiel de l’aide à Gaza provient d’autres organisations. Mais sur place, les ONG tirent la sonnette d’alarme sur une situation humanitaire déjà “désastreuse”, avec des pénuries d’eau, de nourriture et de médicaments pour les 2,4 millions d’habitants de l’enclave, dont une grande majorité de déplacés.
Gaza et le Liban, théâtres d’une guerre dévastatrice
Car au-delà de l’interdiction de l’Unrwa, c’est tout Gaza qui est en train de sombrer sous les bombes israéliennes depuis l’attaque du Hamas ayant fait plus de 1200 morts en Israël début octobre 2023. En représailles, l’armée israélienne pilonne sans relâche ce petit territoire surpeuplé, faisant déjà plus de 43 000 morts côté palestinien selon des sources locales.
En parallèle, un deuxième front s’est ouvert fin septembre au Liban, où Israël combat les combattants du Hezbollah qui tirent des roquettes sur le nord du pays. Malgré les lourdes pertes infligées au mouvement chiite par l’aviation israélienne, celui-ci continue ses tirs sur Israël. Plus de 1900 personnes auraient déjà péri dans ces affrontements côté libanais.
La communauté internationale impuissante
Face à l’escalade de cette double guerre qui prend une tournure de plus en plus meurtrière pour les populations civiles, la communauté internationale semble impuissante. Malgré les pressions diplomatiques à la veille de l’élection présidentielle américaine, aucune trêve n’a pu être arrachée pour permettre ne serait-ce que l’acheminement de l’aide humanitaire. Pendant ce temps, à Gaza et dans le sud du Liban, la situation humanitaire continue de se dégrader de jour en jour.
L’interdiction de l’Unrwa par Israël apparaît dans ce contexte comme un nouveau coup dur porté aux civils palestiniens pris dans cet engrenage guerrier. Si rien n’est fait rapidement, Gaza risque de basculer dans une catastrophe humanitaire sans précédent. Et la décision israélienne pourrait marquer le début du démantèlement d’un des piliers de l’assistance aux réfugiés palestiniens, présente depuis plus de 70 ans dans la région.