Imaginez pouvoir échanger instantanément vos euros contre des dollars ou des yens, sans intermédiaire ni délai de règlement. C’est précisément ce que Citi et Fidelity cherchent à rendre possible grâce à la technologie blockchain. Les deux géants de la finance traditionnelle ont développé une preuve de concept pour un swap de devises numérique sur un fonds monétaire tokenisé, qu’ils présenteront au Festival Fintech de Singapour du 6 au 8 novembre.
Vers une liquidité en temps réel
Cette innovation pourrait permettre aux investisseurs de liquider des positions multi-actifs quasi-instantanément, là où les transactions internationales prennent actuellement plusieurs jours. Ils pourraient aussi accéder à de meilleurs rendements en diversifiant leurs portefeuilles vers des fonds monétaires libellés dans d’autres devises. Un changement de paradigme pour les marchés financiers.
Project Guardian : vers une réglementation des tokens
Citi et Fidelity mènent ces travaux dans le cadre du Project Guardian, une initiative de l’Autorité monétaire de Singapour visant à établir des normes communes pour la tokenisation des actifs financiers. Car si la technologie permet des avancées majeures en termes d’efficacité et de liquidité, elle soulève aussi des questions réglementaires complexes que les régulateurs tentent d’anticiper.
La tokenisation pourrait révolutionner les marchés financiers, mais il faut d’abord un cadre juridique clair et harmonisé.
– Un expert du secteur
Des cas d’usage prometteurs
Au-delà des swaps de devises, la tokenisation ouvre un vaste champ de possibilités :
- Émission et négociation de titres (actions, obligations…)
- Gestion d’actifs et de fonds d’investissement
- Financement de chaînes d’approvisionnement
- Tokenisation de biens immobiliers ou d’œuvres d’art
De quoi attirer de plus en plus d’acteurs traditionnels comme Citi et Fidelity, qui y voient l’opportunité de réinventer leurs métiers et de se positionner sur un marché d’avenir. Mais aussi de nouvelles startups spécialisées dans la finance décentralisée (DeFi), qui développent des protocoles open source pour démocratiser l’accès à ces innovations.
Une dynamique internationale
Singapour n’est pas le seul pays à encourager l’expérimentation autour de la tokenisation. En Europe, la France a lancé un projet pilote sur les titres tokenisés, tandis que la Commission européenne planche sur un régime pilote pour les infrastructures de marché basées sur la blockchain. Aux États-Unis, la SEC a accordé des dérogations à certains acteurs pour tester ces nouveaux modèles.
Partout, l’enjeu est de trouver le bon équilibre entre l’innovation et la protection des investisseurs et de la stabilité financière. Un défi de taille, qui nécessitera une coopération étroite entre les acteurs publics et privés. Mais à en juger par l’effervescence actuelle, nul doute que la tokenisation sera au cœur de la prochaine révolution des marchés financiers.